« Mais n’te promène donc pas toute nue ! » de Georges Feydeau : ça c’est cult !

Le principe du vaudeville

Le député Ventroux est un homme politique ambitieux qui brigue un portefeuille au ministère de la Marine. Seule ombre au tableau : sa femme Clarisse qui a pris l’habitude de se promener à moitié nue dans leur appartement. Alors qu’il s’apprête à recevoir la visite d’un adversaire politique, Ventroux parvient à la raisonner pour qu’elle cesse de déambuler en petite tenue.

C’est à la suite de sa séparation conjugale et d’un douloureux dépit amoureux qui s’ensuivit que Feydeau renouvelle le genre du vaudeville. Autour de l’étude approfondie des caractères et en un acte, il y raconte la médiocrité des existences bourgeoises. Souvent, il y est question d’intrigues tournant autour du triangle du mari cocu, de la femme infidèle et de l’amant, dont les turpitudes divertissent les spectateurs.

En 1911, il créait Mais n’te promène donc pas toute nue ! L’histoire : le député Ventroux, homme respectable plein d’ambition, brigue le portefeuille de la Marine. Sauf que sa femme a la terrible manie de se balader presque nue dans l’appartement devant son honorable mari, devant le flegmatique valet Victor et même devant l’important industriel Monsieur Hochepaix. La pièce concentre l’art du vaudeville de Feydeau, tout s’y joue à toute vitesse. Le spectateur est emporté dans un tourbillon. Thomas Weiss, Wilfred Fayet, Guy Vareilles sont formidables de rythme et d’agilité.

Et il y a Karine Battaglia !

Mettre en scène Feydeau est un exercice de théâtre risqué. En l’absence de sous-texte, il faut garder l’attention du public. Le texte ne fonctionne que sous cette contrainte, celle du rythme. Il faut éviter toute pause. Il est indispensable de jouer toute la pièce sous tension. Une pièce de Feydeau est un régal théâtral lorsque la cadence est constante dès son démarrage, et lorsque les comédiens sont au diapason de cette dynamique. L’adaptation et la mise en scène de Joseph Morana respectent à la perfection cette délicate exigence. Il y ajoute des musiques tonifiantes, des danses drolatiques. Sa mise en scène débridée, augmentée par les costumes adaptés, donne libre cours à la performance de Karine Battaglia qui impressionne en Clarisse. Elle sautille sans cesse, ne se désiste jamais de l’espièglerie volontariste du personnage.

On rit beaucoup.