« LOU » de Mickaël Phelippeau au théâtre de la mère à Arcachon

Telle mère, telle fille

Après la participation de Lou Cantor, la veille, au spectacle Requiem – la mort joyeuse, il a paru normal que Béatrice Massin fasse un caméo dans le solo de sa fille, sobrement intitulé LOU. Le père de la Lou en question était absent physiquement, mais également présent ou représenté, dans la bande-son, interprétant vocalement le thème musical sur lequel s’appuie la démo, un extrait des Folies espagnoles, standard s’il en est de l’art de la scène baroque. L’air et la façon de l’interpréter ont eu de l’importance dans la vie de la jeune femme, acquise à la cause artistique défendue par ses parents depuis belle lurette et requinquée après un accident du travail grâce à la gymnastique douce que peut aussi être la danse.

Cette danse, transmise directement de mère en fille, est selon elle très simple et cristallise l’essence du baroque avec son extrême douceur, son port de bras, son hyper-sensualité. Elle confie en voix off et en live qu’elle lui a permis d’aller explorer cet endroit jusque-là inconnu d’elle, qui était, par son tempérament, plutôt portée par une forme d’expression nettement plus explosive. Elle dit avoir, par cette danse particulière, acquis plus de sérénité… mais, également, une sensation de fragilité. N’empêche, sa dernière interprétation de la danse est empreinte sinon de folie, du moins de furie !

Leçon de mise en scène

On peut dire que pour Phelippeau, sa manière brechtienne d’aborder le sujet, qui est d’ailleurs double – celui de la danseuse et celui de la danse – anticipait de plusieurs années sur une pièce comme celle consacrée à Isadora par Jérôme Bel dans son spectacle dansé par Élisabeth Schwartz. Le solo n’est pas une variation, mais une série de variations sur un thème musical (un seul thème, en l’occurrence) chanté in petto par Lou Cantor, ébruité par un enregistrement sur smarphone, amplifié par la sono. Cet effet canonique de répétition, de ressassement, d’enfoncement de clou (à l’aide d’une scie musicale, assez curieusement) produit une certaine fascination sur le spectateur-auditeur.

En outre, la présence maternelle sur scène n’a ici rien de narcissique. Béatrice Massin soutient Lou réellement ; elle l’aide très concrètement à serrer les lacets du corset de la robe ancienne couleur safran qu’elle a dû avoir l’occasion, probablement, de porter elle-même il n’y a pas si longtemps ; elle la soutient de son œil attentif et prévenant ; elle transforme le solo quasiment en duo ; elle devient, au final, le reflet dans le miroir de l’enfant modèle.