Décidément, des choses épatantes adviennent invariablement à la Manufacture des Abbesses. Lisbeths parle de cette chose qui est l’amour et qui est aussi son mirage. La pièce est rock, blues et swing.
Fabrice Melquiot fut d’abord acteur avec Emmanuel Demarcy-Mota. Il est aujourd’hui écrivain, parolier, metteur en scène et performer. Il a publié une soixantaine de pièces de théâtre dont Albatros, Maelstrom, Veux-tu, One dollar story ou Page en construction. En 2003, il se voit décerner le prix SACD de la meilleure pièce radiophonique, le Prix Jean-Jacques Gauthier du Figaro et deux prix du Syndicat national de la Critique pour Le Diable en partage : meilleure création d’une pièce en langue française et révélation de l’année. En 2005, il reçoit le Prix de la Critique ainsi que le Prix « Nouveau Talent Radio »de la SACD. France Culture lui rend hommage en diffusant huit de ses pièces. Ses textes sont traduits en allemand, en espagnol et en italien. En 2006, il écrit Lisbeths.
Deux micros face à la salle. Valentin Rossier a choisi une mise en scène qui clame. Il a choisi d’offrir au texte ce qui le sous-tend et qui s’appellerait une mise en scène, justement. Car il s’agit de la confession d’une histoire d’amour, d’une passion entre un homme et une femme. Une histoire simple qui somme de se faire entendre : un homme, une femme, une rencontre. Pietr et Lisbeth vivent une relation passionnée. Au fil du temps, apparaissent les passés multiples et contradictoires. Il y aura le désir fulgurant, le partage des corps cependant qu’au final de l’étreinte, il y aura la méconnaissance de l’autre. Un soir, alors qu’ils se sont donné rendez-vous sur un quai de gare, il ne la reconnait pas. Ce n’est plus sa voix, ce n’est plus son visage. Ce n’est pas une autre femme, non. C’est une autre Lisbeth.
Fabrice Melquiot affectionne un théâtre de la parole dans laquelle la langue colonise l’espace et les âmes. Le texte se situe entre gravité, rire, angoisse, légèreté, inquiétude. On pense à Levinas. Une rencontre est une épiphanie du visage où le visage détruit sans cesse l’image qui s’inscrit en l’autre. Une rencontre serait la fusion-disparition des corps. Saura-t-on survivre à chaque recommencement de l’autre ? Pietr saura-t-il aller à la rencontre de chaque Lisbeth réinventée ?
Chacun trouvera sa réponse dans cette pièce qu’il traversera en apnée. Chacun se confrontera à cette énigme, soutenu en cela par deux formidables comédiens.
LISBETH’S
Texte Fabrice Melquiot
Conception et adaptation Valentin Rossier Jeu Marie Druc, Valentin Rossier Dramaturgie Hinde Kaddour
Création lumière Jonas Bühler
Création musique et sons David Scrufari Administration Eva Kiraly
Photos Carole Parodi