« Les Cavalières » d’Isabelle Lafon à La Colline, un vrai moment de théâtre vrai

Troubler le quotidien

Quatre femmes, quatre colocataires se rejoignent pour un chemin de vie autour de la petite Madeleine, Mado, enfant légèrement handicapée et empêchée. Leur seul lien qui sera un faux semblant, qui deviendra un prétexte est un désir pour le cheval, un sujet de conversation commun. Il s’agit du cheval sous toutes ses formes, du trotteur au pur sang, qu’il soit celui des courses et des paris ou celui des élégants sauts d’obstacle. Le cheval se révèle le vecteur du collectif. Il est transgénérationnel, transclasse. Le cheval inquiète en même temps qu’il fascine. Il condense la peur et la fascination. Il fait lien entre ces quatre femmes. Multiple et pluriel, il deviendra l’axe autour duquel se fabrique une famille.

La perfection des choses simples

La pièce n’est pas une pièce à proprement féministe, elle est mieux que cela. Elle est une pièce de femmes.  Ces femmes témoignent. La richesse et le talent de la pièce consiste dans un mouvement tout à fait théâtral à installer une authenticité. C’est une pièce vraie.  L’écriture scénique qui entremêle l’adresse au public avec les échanges entre les personnages nous intègre au dispositif. Nous sommes au centre de l’échange des confessions et des aveux. Au centre des émotions.

Les confidences se succèdent entre ces camarades de vie. Le moment est délicieux d’amitié. S’ajoute à notre plaisir, et c’est là une autre dimension du texte, une expérience du ici et le maintenant. Devant une collection de choses simples, nous cheminons un peu perdus cependant que soutenu par le jeu des quatre comédiennes. La pièce est une longue conversation faussement désordonnée ; le rythme est au pas de course. Ponctuée par des moments de grâce fréquents et imbibée par l’émotion, la pièce est un petit bonheur de théâtre.