Nina Cruveiller et Nina Ballester sont formidables. En adaptant Le petit chaperon rouge de Joël Pommerat, les deux complices donnent un nouveau souffle à une œuvre qui n’en finit pas de nous édifier. Le public de tout âge profitera de ce cadeau au Théâtre de la Huchette.
L’histoire est connue. Dans une toute petite maison perdue dans une forêt lointaine, vivent une petite fille, une maman et un creux d’amour au milieu. Dans cette toute petite maison règne en maître l’ennui assourdissant. « Parfois la petite fille cherchait par tous les moyens à se faire remarquer, mais la maman de la petite fille était tellement occupée qu’elle ne voyait même plus sa petite fille.
Que va-t-il se passer lorsque la petite fille aura réussi à faire un gâteau pour sa grand-mère ? Lorsqu’elle ira seule dans la sombre forêt au milieu des grands arbres ? Lorsqu’elle rencontrera cette véritable bête véritablement monstrueuse.
Les thèmes appartiennent au 17 e siècle. Ils se déploient aujourd’hui encore : La peur des mères, la crédulité et l’insouciance (perdue) des enfants, la vulnérabilité des grands-mères, la roublardise des loups…
La première surprise réside dans un nouvel appétit pour ce conte que le public de 7 à 77 ans enthousiaste accueille sourire aux lèvres. La deuxième bonne surprise vient de la mise en scène.
La force de la mise en scène largement inspirée de la formule Pommerat se source dans une générosité de moyens et d’intentions. Les deux comédiennes combinent le conte façon coin du feu derrière une adresse enfantine au public avec des séquences d’une déréalisation appuyée autour de jeux d’ombres et de projections. Les enfants sont émerveillés, autant que les adultes. Le rendu ressemble à un conte pour un enfant raconté à son chevet dont les pages prennent corps. Les images mentales deviennent personnages au sein d’un ballet de lumières. Nous sommes dans un dessin animé. Nos imaginaires s’enflamment.
La pièce est une absolue réussite.