Le festival créé par la danseuse et chorégraphe Chantal Loïal en 2017 célèbre sa neuvième édition partout dans l’hexagone.
L’objet du festival est de mettre en lumière la langue et la culture créoles, comme le montre son titre en VO : « Lang épi kilti kréyol » (« langue et culture créoles »). Fort de ses huit éditions précédentes, il rayonne partout dans la France hexagonal avant de partir pour les Antilles et la Guyane en janvier prochain.
La culture ici est vivante, et dans toutes les formes du spectacle vivant : des lectures de poèmes, des tables rondes, des pièces de théâtre et des spectacles de danse, des contes ou des ateliers. Des rencontres ont ainsi lieu autour de la notion, chère à Confiant et Chamoiseau, de créolité, ainsi que des « conférences dansées » menées par la compagnie Difé kako (la compagnie de Chantal Loïal) à Choisy-le-Roi ce 11 octobre ou encore une balade mémorielle dans le Paris noir le 19 octobre.
Il s’agit en outre d’une édition particulière, puisque Dominique Roederer publie cette année un « roman biographique sur Chantal Loïal », Danse avec la DDASS : le journaliste y retrace avec humour le parcours méandreux de la danseuse, de la Guadeloupe aux foyers d’Île-de-France, à la manière d’un dialogue entre Chantal Loïal et sa lectrice ou son lecteur.
Victor Schoelcher, cité par Philippe Martial
Pour les formes davantage spectaculaires, citons Culture du Zèbre, de la compagnie Fred Bendongué : le chorégraphe s’y livre, face public, à une évocation politique et émotive de sa jeunesse aux Minguettes, avec, bien sûr, le départ de la Marche de 1983, mais aussi sa découverte du hip hop et de la break. Assisté du danseur Romain Meugnier, qui prête son corps au récit, Fred Bendongué retrace l’émergence rebelle d’une danse rapidement happée par les promesses du capitalisme.
De la poésie, aussi, avec Guyane ou l’esclave marron, long poème en alexandrins de Philippe Martial, un esclave en fuite évoque l’horreur de l’esclavage, du bateau négrier aux coups et au mépris des maîtres. Le texte était porté dimanche 26 par Céline Samie sur la scène du Centre Mandapa, dédié aux cultures spectaculaires du monde. Il était suivi d’une maquette de L’Envol, de Véronique Essaka-De Kerpel, qui donne une nouvelle version de l’histoire de Médée. Dans une mise en scène signée Mohamed Guellati, l’autrice, qui jouait son propre texte, mettait en avant l’amour fou de la magicienne pour Jason, mais aussi sa dimension étrangère, qui échappe à la compréhension des Grecs.