Le festival des langues françaises s’achève samedi

par Julia Wahl
08.03.2025

Après un lancement mardi soir, la nouvelle édition de ce festival consacré aux théâtres francophones, internes et externes à l’hexagone, continue jusqu’à samedi.

Lancé voilà sept ans par Ronan Chéneau, ce festival organisé par le CDN de Rouen accueille des spectacles écrits par des auteurs et autrices francophones de l’ensemble de la planète. Le public peut y voir des lectures et des sorties de résidence, quand des rencontres sont organisées en direction des professionnel·les.

Un lieu d’échanges et de rencontres

Artcena organise ainsi régulièrement tous les ans la Conférence nationale des écritures contemporaines pour le théâtre – CONNECT, qui permet aux directeurs et directrices de lieux de présenter à leurs collègues des auteurs et autrices dont la plume les a séduit·es. Les écrivain·es présent·es ont évoqué des textes ancrés dans le monde contemporain, où l’on décèle quelques problématiques communes, certaines intimes, comme le deuil, d’autres plus politiques. La directrice de la Factorie – Maison de poésie en Normandie a profité du micro qui lui était tendu pour rappeler la très forte précarité des poètes, parents pauvres en France de la littérature.

La découverte de jeunes artistes repose aussi sur le dispositif des « Auteurs en tandem ». Créé en 2021, cette formule réunit pour quelques jours de laboratoire deux artistes issu·es, l’un·e du cirque, l’autre du théâtre. L’autrice Milena Csergo et la circassienne Victoria Belèn ont évoqué avec rage et humour les affres des jeunes mères, au corps encore douloureux, aux obligations constantes et dont les compagnons se font de plus en plus absents.

La mise en espace de la création francophone contemporaine

À cela s’ajoutent de nombreuses lectures et mises en espace. Le texte d’Alfred Alexandre, Le Patron, était particulièrement marquant. Porté par les comédien·nes Ewlyne Guillaume et Serge Abbattuci, il voit un homme et une femme évoquer le souvenir d’un homme mort récemment, mari de l’un·e et patron de l’autre. Les regards sur ce patron de bar louche esquissent le portrait d’un homme dur et pas tout à fait honnête, mais auxquel·les tou·es les deux s’étaient attaché·es. La langue d’Alfred Alexandre est précise dans son évocation des souvenirs douloureux, langue soutenue par la belle sobriété des interprètes.

Le point d’orgue de cette semaine est toutefois la mise en espace du Prix RFI Théâtre 2024 par le duo à la direction du CDN, Brice Berthoud et Camille Trouvé (Les Anges au plafond). Iels ont bénéficié d’une semaine de résidence pour proposer leur version de la pièce Enfant, de l’auteur malgache Gad Bensalem. À travers le périple de Doda, parti à la recherche de son père, le jeune écrivain évoquait la société malgache contemporaine, avec ses failles et ses blessures, en même temps qu’il créait des personnages tous plus improbables les uns que les autres. Les Anges au plafond ont mis à profit leurs connaissances en matière de marionnettes, de théâtre d’objet et de théâtre d’ombre pour recréer cet univers mystérieux et inquiétant. Un beau festival !

Festival des langues françaises, du 4 au 8 mars au CDN de Rouen.

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