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« Le Coq et l’Arlequin, Cocteau et la musique de tous les jours », création du Festival de Laon, avec Julie Depardieu et les sœurs Bizjak

par La redaction
03.10.2023

Le directeur artistique du Festival de Laon, Jean-Michel Verneiges, propose un concert-lecture autour de l’œuvre de Jean Cocteau, la musique d’Erik Satie, Francis Poulenc, Darius Milhaud, Igor Stravinsky et Claude Debussy. Une heure trente de plongée dans cette période culturelle variée et novatrice.

Par Hélène Adam

Le riche programme du Festival de Laon

La belle ville de Laon, préfecture de l’Aisne juchée sur son promontoire, accueille un prestigieux festival tous les ans. C’est en 1963, il y a soixante ans déjà, que leur ancêtre, l’association les « Heures médiévales de Laon », se lançait dans une très importante action culturelle pour valoriser l’exceptionnel patrimoine architectural et historique de la ville, en organisant de nombreuses manifestations culturelles.

 

S’appuyant en cette année 2023 sur le double anniversaire des disparitions de Jan Cocteau et de Francis Poulenc, le festival, qui se déroule du 12 septembre au 8 octobre, entend s’inspirer « de l’effervescence qu’ils ont suscitée en leur temps ».

Le programme rassemble des grands noms du classique comme le chef d’orchestre François-Xavier Roth, qui a ouvert ce grand cru 2023, par un concert aux chandelles dans la superbe cathédrale qui domine la ville et la plaine de Picardie, à la tête de sa formation « Les siècles », sur les 35e et 41e symphonies de Mozart suivie du Concert Românesc (1951) de Ligeti. Quelques jours plus tard, la Cathédrale accueillait la symphonie N°1 de Mahler « Titan », par l’orchestre national de Metz puis c’était au tour de la Cité de la musique de Soissons de proposer dans un genre très différent, Les Mariés de la Tour Eiffel de Jean Cocteau, mis en musique par le Groupe des Six et Le Dieu bleu de Reynaldo Hahn et exécutés par les « Frivolités Parisiennes » mais aussi Tchaïkovski et Grieg par l’Orchestre national de Lille. Le festival s’achèvera le 8 octobre à la cathédrale de Laon, par un Requiem de Mozart de belle facture donné par le Concert de la Loge de Julien Chauvin.

 

Julie Depardieu lit (si bien) Cocteau

 

Dimanche après-midi, en l’Église Saint Martin, joyau du très riche patrimoine Laonnois, par un temps superbe où le soleil éclairait par les vitraux les vieilles pierres et la scène du spectacle dressée sous les tuyaux d’un orgue imposant, le Festival proposait une véritable création, un concert-lecture intitulé « Le Coq et l’Arlequin, Cocteau et la musique de tous les jours », extraits du manifeste de Cocteau lu par l’actrice Julie Depardieu, et un très beau choix de morceaux de Satie, Milhaud, Poulenc et Stravinski interprétés au piano à quatre mains par Lidija et Sanja Bizjak, dans la très belle réalisation de Jean-Michel Verneiges, le directeur artistique du festival.

 

Et il faut le dire immédiatement : nous avons été séduits et même conquis tout comme l’auditoire suspendu aux lèvres de la pétillante Julie Depardieu qui sait astucieusement incarner cet humour un peu grinçant avec lequel Cocteau étrillait les grands compositeurs « à la mode », fustigeant un certain snobisme du public, pour soutenir son amour de la musique de tous les jours et glorifier tout à la fois le ballet-concert et le restaurant music-hall « le Bœuf sur le Toit », réalisation du Groupe des Six, parmi lesquels on retrouve Darius Milhaud et Francis Poulenc.

Entre chacune de ces pertinentes citations, un piano à quatre mains, agiles, parfaitement coordonnées et d’un dynamisme communicatif, nous propose des extraits musicaux tout aussi bien choisis dont les compositeurs sont introduits, en quelque sorte, par le texte et son insolente malice.

 

Piano (dynamique) à quatre mains et sans temps mort

 

Les deux sœurs Bizjac ont créé leur duo en 2002, à l’occasion d’un concert de la philharmonie de Belgrade, leur ville d’origine et se sont peu à peu fait connaître dans ce genre très particulier où l’on se partage le clavier non sans alterner d’ailleurs pour ce qui concerne leur duo, la partie basse et la partie haute, tout comme l’usage des pédales, selon les parties du spectacle, démontrant leur parfaite entente jusque dans l’interprétation qui vient illustrer le propos dans un véritable dialogue où chaque art se déploie à son tour comme en écho.

Elles assurent d’ailleurs l’ouverture du spectacle avec Erik Satie et le quatrième mouvement de son ballet La belle excentrique, un mouvement intitulé « Cancan Grand mondain » et transposé pour deux pianos et là, pour quatre mains sur un clavier unique, dont la joie échevelée met immédiatement le public dans l’ambiance des phrases qui suivent « La mauvaise musique méprisée par les beaux esprits est bien agréable, ce qui est désagréable, c’est leur bonne musique ».

Sentence sévère aussitôt suivie du final de la Sonate pour piano à quatre mains de Francis Poulenc, œuvre de 1918 là aussi, dont le mouvement très rapide procure une excitation instantanée grâce à la virtuosité des jeunes interprètes qui s’étaient déjà fait remarquer dans un « direct » lors des concerts de France Musique en 2015 (On peut d’ailleurs retrouver un podcast de la chaine de musique classique qui permet d’apprécier comme les deux paires de mains s’associent sans jamais se bousculer dans une sorte d’osmose permanente).

 

Le temps des scandales et des ballets russes

 

Deux extraits du Sacre du Printemps (action rituelle des ancêtres et danse sacrale), ce ballet composé par Igor Stravinski pour chorégraphié par Vaslav Nijinski pour les Ballets russes de Serge de Diaghilew, sont très intelligemment accompagnés du célèbre texte de Cocteau se moquant du snobisme (« mille nuances de snobisme, sur-snobisme, contre-snobisme, nécessitant à eux seuls un chapitre ») du public de cette Première du Sacre – celui du théâtre des Champs-Élysées en 1913 – et des réactions immortalisées dans une promenade au bois de Boulogne, des artistes russes après le scandale.

L’émotion est forte dans le public quand Julie Depardieu évoque ainsi ce terrible revers d’une œuvre alors trop moderne : « La salle joua le rôle qu’elle devait jouer ; elle se révolta tout de suite. On rit, conspua, siffla, imita les cris d’animaux (…) Pour la première fois, on faisait allusion au scandale. Nous revînmes à l’aube. Vous n’imaginez pas la douceur et la nostalgie de ces hommes, et, quoi que Diaghilew ait pu faire dans la suite, je n’oublierai jamais, dans ce fiacre, sa grosse figure mouillée, récitant du Pouchkine au Bois de Boulogne. »

 

Miracle d’une voix

 

Julie Depardieu, très simplement vêtue d’un pantalon noir et d’une blouse blanche, auréolée de sa chevelure fauve qui brille dans les rais de lumière s’infiltrant par le vitrail monumental, a cette manière bien à elle de raconter cette histoire d’une création musicale et artistique hors norme qui fut si mal accueillie par le public parisien avant de devenir l’une des pièces maitresses de ce début de siècle si prolixe en arts nouveaux et si désireux de les voir se croiser et vivre des émulations réciproques : les références de Cocteau sont souvent autant picturales que musicales, il convoque Monet, Picasso, Gauguin… autant que Strauss, Wagner et Stravinski.

 

L’actrice, fait vivre les mots du poète et leur donne tout à fois cette fausse ingénuité dans laquelle elle excelle si souvent au cinéma, et cette vive intelligence qui caractérise la formidable culture de Cocteau.

 

Hommage à Erik Satie

 

Ce formidable et élégant patchwork rend un hommage particulièrement appuyé à Erik Satie, que Cocteau considérait comme un véritable ami et à qui il vouait une admiration sans limites. Le compositeur revient avec l’une de ses Gymnopédies, puis des extraits de Parade, ce « ballet réaliste » composé en 1917 sur un thème de Jean Cocteau (et un rideau, des décors et des costumes de Picasso), symbole de leur collaboration puis les fameux « Trois Morceaux en forme de poire » écrit pour un piano à quatre mains, pour revenir en conclusion sur la Belle Excentrique et son énergique Marche franco-lunaire, une « musique sur laquelle on marche ».

 

Et Julie Depardieu nous lit cet extrait sans appel « le public est choqué par le charmant ridicule des titres et notations de Satie mais il respecte le formidable ridicule du livret de Parsifal ». Déclaration qui résume d’ailleurs la piètre estime dans laquelle Cocteau tient le maître de Bayreuth… et qui suscite quelques rires dans la salle !

 

Ne sont oubliés ni Debussy et son Prélude à l’après midi d’un faune qui créera un autre scandale, un an avant la Première du Sacre, lorsque Vaslav Nijinski écrira une chorégraphie révolutionnaire avec les Ballets russes de Serge de Diaghilew.

Quant à Darius Milhaud, avec le célèbre ballet du Bœuf sur le toit et la danse brésilienne Scaramouche écrite pour deux pianos, il offre au concert sa verve et la luminosité de son écriture.

 

Le dernier mot et la dernière note seront d’ailleurs après une ovation particulièrement appuyée du public enthousiasme, un « bis » de ce dernier morceau et des phrases de conclusion de Jean Cocteau « J’aime le vrai coq, profondément bariolé. Le coq dit Cocteau deux fois et habite sa ferme. Vive le coq, à bas l’Arlequin » !

 

Une très belle après-midi pour une création originale et très réussie de ce festival soutenu par un nombre très impressionnant de bénévoles aussi cultivés que dévoués sous la présidence de François Rampelberger. Et l’on se permettra de saluer encore la beauté du programme concocté pour cette édition 2023.

 

Visuel : © Robert Lefèvre.