Dans le magnifique écrin du théâtre du Ranelagh, Tristan Le Doze nous plonge au 18ᵉ siècle au travers d’un texte drôle et édifiant de Jean-Claude Brisville défendu par des comédiens prodigieux : une querelle entre les classiques et les modernes sur fond de jalousie féminine. Un régal.
Paris, 1750. À cinquante ans, Marie du Deffand tient un des salons les plus réputés de la Capitale. Son esprit y attire et fascine les grands hommes de l’époque, aristocrates, hommes de lettres ou de sciences. La cécité la guette : Marie doit se trouver une lectrice, elle choisit la fille illégitime de son frère, mais à une condition…
La pièce est un voyage dans le temps. Nous sommes plongés au cœur d’un 18ᵉ siècle qui s’interroge sur son avenir, et sur la modernité proposée par Diderot et son encyclopédie. Le texte de Brisville est précieux d’enseignement. Dans l’alcôve des salonnières se trament intrigues amoureuses, luttes de pouvoir, querelles philosophiques et disputes politiques. C’est bien notre monde moderne qui bouillonne déjà. On parle de culture pour tous, de l’égalité homme/femme, de la démocratie. Il nous est précieux de voir émerger une grosse pensée de notre 21ᵉ siècle. Et de rire beaucoup de cette satire sociale.
Le biais comique choisi par Tristan Le Doze de la pièce de Jean-Claude Brisville apporte beaucoup à l’expérience spectateur sans ne rien abandonner de la force littéraire du texte. La mise en scène et la scénographie sont somptueuses. Les costumes (Jérôme Ragon) tout blanc finissent de parfaire l’esthétique générale. De ce ravissement éclot la farce de mœurs servie par un Rémy Jouvin hilarant. Le duel entre Marie du Deffand et sa nièce est magnifiquement restitué par deux comédiennes brillantes : Céline Yvon et Marguerite Mousset. Le plaisir théâtral est solide.
L’antichambre
Auteur Jean-Claude BRISVILLE
Mise en scène Tristan LE DOZE
Costumes Jérôme RAGON
Lumières Stéphane BALNY
Avec Céline YVON, Marguerite MOUSSET, Rémy JOUVIN
Visuel Affiche