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« L’âge de détruire », une relation gentiment toxique entre mère et fille à Théâtre Ouvert

par Amélie Blaustein Niddam et Mathieu Dochtermann
13.03.2024

Le dernier prix Goncourt du premier roman se mue en spectacle. Son autrice, Pauline Peyrade, y partage la scène avec la danseuse et circassienne Justine Berthillot.

La pièce commence sans originalité. Elles sont deux, en jeans et baskets, chemises à carreaux en évidence. Cela nous dit : bienvenue dans les années 90 ; et aussi : bienvenue aujourd’hui puisque la mode ausculte en ce moment cette époque. C’est le grand jour. Une mère sans nom – elle est “une mère” – et Elsa, sa fille de sept ans, viennent vivre là dans cet appartement sans charme marqué par une ancienne trace de dégât des eaux. Ni mieux ni pire, un appartement ni petit ni grand, décrit avec minutie dans toutes les couleurs défraîchies de sa vieille moquette. On l’imagine pas hyper bien situé, grands ensembles de banlieue dégradés. Triste. Pourquoi vivent-elles toutes les deux ? Que s’est-il passé avant, durant les sept premières années de la vie de l’enfant ? On ne sait pas. On imagine donc.

 

Je retourne dans ma chambre sans un mot

 

La pièce cultive cet entre-deux du presque rien. Au milieu de la description précise, presque clinique, des lieux et des gestes des protagonistes, un malaise flotte. La structure de la pièce est en deux actes : l’âge 1 et l’âge 2. Les 7 ans d’Elsa et ses 30 ans. Les 36 et les 59 de la mère. L’âge de détruire, le roman, raconte clairement les chemins semés de plus ou moins d’embûches qui mènent à l’âge adulte, dans une famille dysfonctionnelle où règne la violence, où l’amour est perverti par l’emprise et l’inceste.

 

Soudain, j’ai 1000 ans et j’ai enfanté toutes les mères du monde

 

Le duo sur le plateau veut signifier le drame, dans une danse plutôt artificielle qui multiplie des motifs de la peine, de la douleur dans des points d’appuis sur la tête, des dos creusés et des déplacements sur les coudes et les genoux, des glissements. Bref , « ça coule », « ça tombe », mais à bien y regarder, on ne voit pas le drame. Quelques regards intensément chargés nous communiquent de la rage, et les gestes de la violence et de la destruction sont métaphoriquement performés sur scène, où une plaque de plâtre suspendue face public se fait défoncer à coups de marteau. Mais on a du mal à retrouver la détresse, la fragilité des êtres, l’espoir d’une vie normale, celle « des autres ».

 

J’ai peur que tout s’effondre

Elsa devenue grande vit dans son propre studio, elle voit toujours sa mère, elles se parlent.  La relation existe.  Alors oui, la mère craque souvent en 1993 comme en 2007, mais est-ce assez pour en faire un portrait mou des petites vies de trime ? Dans la version scène, on ne le saisit alors que le roman nous donne les réponses à nos doutes

 

Le passé, il faut savoir le jeter aussi

 

On comprend bien l’intention de montrer le précaire, le fragile, le cassable. Mais tout est fait en pointant du doigt ce que nous devons penser ou regarder : là où le roman de Pauline Peyrade atteignait une certaine nuance par l’expression de points de vue multiples – et mettait même un peu de perspective dans le personnage de la mère maltraitante, qui ne faisait que reproduire ce qu’elle avait elle-même subi – le passage à la scène piège le propos en l’enfermant dans un huis clos étouffant. Exit la grand-mère, exit le personnage d’Issa aussi, absolument central. Et de façon surprenante, le caractère incestueux de la maltraitance maternelle, très clair dans le roman – «Elle me fait mal au sexe.» – devient beaucoup plus nébuleux dans la version scénique. Les fulgurances poétiques du texte, ses métaphores incisives, se sont faites très discrètes… En somme, une adaptation de l’autrice par elle-même qui n’a pas tout à fait réussi à retenir ce qui faisait la subtilité de sa dramaturgie.

 

Jusqu’au 23 mars à Théâtre Ouvert

Réservez ici

Visuel :©Catherine Mary Houdin