Marie Fortuit et Lucie Sansen (se) racontent en chantant Anne Sylvestre dans la salle Christian Bérard du Théâtre de l’Athénée. Un spectacle émouvant qui dessine une grande chaîne de femmes fortes car elles savent «parler droit».
Tout commence à la mort de la chanteuse Anne Sylvestre, à l’âge de 86 ans le 30 novembre 2020. Ce jour, là, les médias parlent d’une «disparition». Marie Fortuit, elle, est en pleine rencontre amoureuse et redonne déjà vie à la chanteuse en écrivant sur les petits morceaux de papier ses chansons préférées, parmi les 720 titres écrits, composés et interprétés par Anne Sylvestre. Pendant 1 h 10 de spectacle, à travers des textes auto-fictionnels qui affectionnent parfois un vocabulaire suranné et des chansons, à deux voix sur trois instruments, La vie en vrai conjure la disparue à travers un grand bal de sorcières qui, aujourd’hui mieux que jamais, savent exprimer leur colère.
Le timbre de Marie Fortuit est très proche de celui d’Anne Sylvestre, d’une proximité troublante et quasi fantomatique. Celui de Lucie Sansen est haut, quasiment angélique, les arrangements sont justes et simples. Les chansons choisies nous font passer par toute une kyrielle d’émotions : la mélancolie avec « Écrire pour ne pas mourir », l’humour grivois ET féministe avec «Petit bonhomme », la tendresse complice avec « Frangine » et l’effroi avec « Maison Douce ». Et la chanson « La vie en vrai », c’est l’après COVID, c’est aussi une grande chaîne féminine qui traverse les âges ou mères, filles et sœurs transmettent quelque chose d’essentiel : être pour soi, ici et maintenant.
Un spectacle tendre, drôle et justement ovationné, à voir absolument avant le 5 mai.
Visuel ©Esméralda Da Costa