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24.11.2023 → 25.11.2023

La symphonie des Mille de Mahler à la Philharmonie de Paris

par Helene Adam
28.11.2023

La symphonie numéro huit dite « des Mille » de Gustav Mahler est une œuvre de la démesure qui trouve sa place dans la grande salle de la Philharmonie de Paris, parfaitement dimensionnée pour son exécution. Grandiose et spectaculaire, la performance de l’orchestre de Paris réussit parfaitement la deuxième partie opératique mais se noie dans une première partie spirituelle un peu chaotique sous la battue beaucoup trop rapide de Daniel Harding.

Le chant des planètes

Gustav Mahler considérait qu’il avait composé une œuvre « si unique sur le plan de la forme et du contenu qu’il était impossible d’écrire à son sujet ». En additionnant deux morceaux en forme d’oratorio, l’un, le Veni Creator, d’essence religieuse, l’autre profane inspiré du Faust de Goethe, Mahler voulait ainsi faire « sonner et résonner » « tout l’univers » pour faire écouter « le chant des planètes et des soleils qui tournoient dans l’espace ». Cette volonté de mettre en scène la rencontre entre la foi et l’espérance, possède une dimension titanesque où les effets de volume sonore ne doivent jamais faire disparaitre la subtilité d’une composition orchestrale complexe et unique en son genre.

 

Incontestablement, cette symphonie ne ressemble à aucune autre et les effectifs requis sont tout simplement colossaux. Hier soir étaient ainsi réunis les Chœurs d’enfants et d’adultes de l’Orchestre de Paris et de la Maitrise du CRR de Paris, associés  à un orchestre pléthorique regroupant l’Orchestre de Paris et l’Orchestre du Conservatoire de Paris. Sans oublier les huit chanteurs lyriques solistes.

 

L’œuvre est entrée au répertoire de l’Orchestre de Paris en 1975 et avait précédemment été donnée deux fois seulement, la première sous la direction de Georg Solti au palais des Congrès et la deuxième sous la direction de Christoph Eschenbach au Palais omnisports de Bercy. Il était temps que l’Orchestre de Paris puisse enfin se produire dans une véritable salle de concert à la mesure de l’œuvre. Ce fut le cas pour ces deux soirées à la Philharmonie de Paris, qui avait déjà accueilli les « Mille » en 2019 par le Münchner Philharmoniker sous la direction de Valery Gergiev.

Big bang sonore

La première partie commence par une sorte de déflagration sonore extrême censée saisir d’effroi tous les auditeurs par l’ampleur des décibels ainsi émis d’abord par l’orgue et les chœurs puis repris par les solistes et l’orchestre. Il s’agissait, pour Mahler, d’évoquer clairement dès le début, la Pentecôte et son « bruit venant du ciel comme un violent coup de vent » qu’évoque les Évangiles rapportant cet épisode des croyances chrétiennes. Mais cette masse sonore n’est pas du tout désorganisée ou anarchique dans la composition mahlérienne. Au contraire, elle s’associe étroitement à l’art du contrepoint, de la fugue héritée des œuvres religieuses du 18ème siècle et notamment des Messes de Bach. Il s’agit pour Mahler de retrouver au travers du texte du Veni Creator, les sensations des chants d’église de son enfance, bercée par la polyphonie chorale qui en caractérise le style.

 

Rien de plus difficile dans l’exécution que de réussir cette alchimie complexe et force est de constater à notre grande déception, que les tempi adoptés d’entrée de jeu par Daniel Harding sont beaucoup trop rapides et soutenus pour permettre les respirations nécessaires à cet art du contrepoint au milieu d’une masse sonore particulière gigantesque. Ainsi les solistes se décalent-ils à plusieurs reprises, ne trouvent pas toujours la justesse sans l’appui suffisamment précis de l’orchestre, et l’on perçoit mal les nuances. Placés juste sous les chœurs, ils peinent à « passer » les volumes sonores des instrumentistes et donc à faire entendre clairement les motifs contrapuntiques complexes qui doivent se succéder à un rythme rapide sans pour autant se mélanger. Les choristes donnent le maximum mais ne parviennent pas toujours à rendre intelligible leurs propos dans ce qui apparait parfois comme une explosion sonore sans ligne musicale. Les passages fugués sont un peu noyés et l’articulation entre les différents chœurs manque de clarté musicale.

Et puis peu à peu, l’extase…

On se sent un peu frustré alors que sur le papier tout devrait être absolument merveilleux : une acoustique exceptionnelle, un très bon orchestre, des chœurs de qualité, un pupitre de cuivres remarquable, de bons solistes renommés, un excellent violon solo… Ces ingrédients vont se retrouvés transformés et même transfigurés lors de la deuxième partie,  basée sur la scène finale du second Faust de Goethe, quand l’âme de Faust arrachée au maléfice, s’élève vers les « sphères suprêmes », la très belle composition mahlérienne puisant alors dans le style lyrique, depuis des chœurs des anges les plus jeunes (celui des enfants les plus jeunes puis des femmes) pour aller vers les plus accomplis, tandis que les solistes partent de la voix la plus grave pour s’élever vers les aigus, avec l’intervention finale de la soprano Johanna Wallroth, longs cheveux blonds et robe blanche, en Mater dolorosa, juchée tout en haut de la philharmonie, pour une prestation de rêve qu’on croirait vraiment issue du bonheur céleste. La battue de Daniel Harding est nettement plus assurée et souple tout à la fois, dirigeant l’ensemble des musiciens avec précision et talent, notamment un très brillant ensemble de cors, remarqué à juste titre.

 

Après la longue introduction orchestrale, apparaissent les pères, deux solistes descendus près du chef pour ce passage : le Pater Ecstaticus incarné par le baryton Christopher Maltman, qui allie force et belle incarnation, malheureusement victime dans les aigus d’un vibrato excessif, puis le Pater Profondus de la basse Tareq Nazmi, que l’on entend comme assourdi tant sa voix manque de la projection nécessaire pour la grande salle de la philharmonie guère propice aux voix solos comme on le sait depuis son ouverture.

 

Parmi les solistes, on saluera tout particulièrement le magnifique hymne à la Vierge entonné par le docteur Marianus du ténor Andrew Staples d’une voix puissante au timbre superbe et lumineux, la plus belle prestation vocale de la soirée. Cette deuxième partie voit également les belles performances de la contralto Jamie Barton, dont les graves impressionnent par leur beauté profonde, brillamment accompagnée par sa consœur Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, même si la disposition des solistes ne facilite pas toujours la distinction des voix pour l’auditeur. Il en est de même pour les prestations des sopranos où l’on remarque néanmoins le très beau timbre de Johanni van Oostrum.

 

Le thème de l’Eternel féminin, atteint une plénitude où les chœurs des Hommes, des Pénitentes, et bientôt l’ensemble des « forces » lyriques et instrumentales, se rejoignent pour un final idéal.

 

Très bien accueillie par une salle absolument comble ce samedi soir, la prestation, comme toutes celles qui concernent des œuvres de la démesure si difficiles à réussir, restera dans les mémoires.

Symphonie n°8, des Mille, de Gustav Mahler – Philharmonie de Paris, le 25 novembre

 

Visuel : © Arne Hyckenberg