À la faveur d’un partenariat exclusif entre l’école du Théâtre National de Strasbourg et le Centre Dramatique National de Vire, dirigé par Lucie Berelowitsch, Antoine Hespel se saisit du conte pour enfants de Claudine Galea Toutes leurs robes noires. Dans une belle partition.
Quelques draps, un lit, deux instruments à cordes construisent un spectacle musical avec jeu d’ombres chinoises. Entre veille et sommeil, à l’heure où l’obscurité chasse la clarté du jour, dans le creux familier de sa chambre, un enfant demande à sa mère de lui raconter une histoire. Pas l’éternelle ritournelle consacrant les princes et sublimant les princesses. Non. Il veut que lui parle la nuit. Il veut entrer dans les ténèbres et écouter ce qu’elles ont à lui dire. Alors la nuit, d’une voix d’où s’échappent des airs de musique et des visions de chevaux aux robes noires, l’entraîne vers un monde autre.
Le conte est initiatique. Pour conjurer sa peur, l’enfant va à la rencontre de la nuit. Lui qui apparait en creux dans la pièce abandonnera lentement ses parents pour affronter ses peurs sans aide, sans soutien ; il saura quitter le nid. À la fin du cycle, le couple parental se retrouvera.
La pièce nous transporte dans le monde insolite de l’entre deux. Najda Bourgeois sait être à la fois la narratrice, l’enfant et la mère ; elle parvient divinement à figurer la légèreté du conte, la gravité de la leçon de morale et de vie, la joie du dénouement. Au sein d’une pénombre d’abord inquiétante, puis graduellement changeante, de sa belle présence et de sa voix qu’elle invente très douce, elle dévoile et rassure. La performance de la comédienne permanente du CDN de Vire assure l’adhésion du jeune public.
Toutes leurs robes noires de Claudine Galea
Durée 55 min
Jeudi 30 novembre > samedi 9 décembre
Théâtre Dunois
7 rue Louise Weiss
75012 Paris
Crédit photos © Alban van Wassenhove