Écrite dans les années 1990 par Jean-Luc Lagarce à Berlin, cette œuvre trouve une nouvelle vie grâce à cette adaptation théâtrale. Après le succès du film de Xavier Dolan en 2016, cette histoire universelle est réinterprétée par la compagnie grenobloise L’Embrasement, offrant une lecture sensible et contemporaine.
La Compagnie L’Embrasement, fondée en 2022 par Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault, se distingue par son approche immersive et émotionnelle du théâtre. Sa dernière création, Juste la fin du monde, revisite ce texte poignant écrit il y a plus de 30 ans.
Depuis sa création, cette pièce a été présentée dans divers lieux entre Paris et Grenoble, notamment au Théâtre 145 en janvier 2025. Elle raconte l’histoire de Louis, un homme retournant dans sa famille après une longue absence pour annoncer sa mort prochaine. Ce choix témoigne d’une volonté de porter sur scène une thématique universelle centrée sur l’incommunicabilité, les tensions familiales et l’imminence de la mort.
Dans la petite salle intimiste de la Goutte d’Or, le cadre authentique ajoute une dimension unique à la représentation. Le Lavoir Moderne Parisien conserve son charme d’antan avec ses poutres en bois et ses murs en pierres brutes.
Ici, pas de scène traditionnelle : le public est installé sur une estrade, tandis que la scène se déploie tout autour, brouillant les frontières entre acteurs et spectateurs. Avant même que la pièce ne commence, les personnages surgissent des recoins et observent le public, brouillant la distinction entre réalité et fiction. Lorsque le rideau imaginaire se lève, on ne sait plus où commence et finit le décor.
La pièce débute et plonge les spectateurs dans un dîner de famille tendu, où chaque personnage semble en décalage avec les autres. Louis (interprété par Axel Rizat) exprime une profonde mélancolie, tandis que sa mère, sa sœur, son frère et sa belle-sœur gravitent autour de lourds silences.
Tour à tour, les personnages livrent des monologues empreints de désarroi, d’incompréhension et de douleur face à l’absence prolongée de Louis. Ces moments de confession sont portés par des interprétations puissantes, chaque acteur apportant une intensité palpable à son rôle.
En arrière-plan, un ingénieur du son accompagne ces scènes avec des interludes de musique électronique envoûtante, renforçant l’atmosphère à la fois moderne et introspective de la mise en scène.
La mise en scène sobre s’adapte parfaitement à l’environnement atypique du Lavoir Moderne Parisien. Cette simplicité permet aux spectateurs de se concentrer sur les émotions et les conflits des personnages, tout en accentuant l’intimité de l’histoire.
Après ces dernières représentations parisiennes, on ne peut que souhaiter bon voyage et une longue continuation à cette Compagnie qui, avec « Juste la fin du monde », prouve qu’elle a encore de nombreuses émotions à nous offrir.
Visuel : © Cie L’Embrasement