Jubilatoire : Les Galets au Tilleul sont plus petits qu’au Havre (ce qui rend la baignade bien plus agréable).
par David Rofé-Sarfati28.01.2024
Claire Laureau et Nicolas Chaigneau comédiens-danseurs, ont écrit une pièce autour de la fonction phatique. La performance est formidable d’humanité et d’humour. C’est jouissif !
« La bêtise a deux manières d’être : elle se tait ou elle parle. », Honoré de Balzac
Présenté au festival de dance Pharenheit du Havre Normandie en 2021, le spectacle est la deuxième pièce du duo Claire Laureau et Nicolas Chaigneau. La précédente, Les déclinaisons de la Navarre, avait déjà connu un retentissement dans tout l’Hexagone.
Les Galets… explore avec humour et minutie ces situations si connues, où un discours sans fin peut se muer en véritable prise d’otage. Ces banalités scandées sans pause ni fin qui sont autant de supplices quotidiens qui cachent dans les plis de leur vacuité une bonne dose de poésie, de sensibilité et de saine absurdité. La pièce est une traversée du presque vide portée par quatre interprètes qui improvisent avec leurs mots et racontent avec leur corps (et parfois leurs chants) ce qui se trame entre les humains au-delà des palabres anodines.
Des auteurs-comédiens-danseurs
Claire Laureau et Nicolas Chaigneau, auteurs-performeurs se sont intégralement formés et développés en artistes de la danse. Non du théâtre. Sur scène, sur un plateau vide sauf de quelques chaises d’écolier, les deux chorégraphes sont rejoints par deux autres partenaires. À l’inutilité du sens, la scénographie ajoute l’économie du décor jusqu’à une balle de pingpong mimée donc gratuite !
Économie qui fait contrepoint au niveau des échanges, où vont se multiplier les embardées des discours, les associations d’idées incongrues, les prises de bec, les atermoiements du sens, les ellipses hasardeuses, les digressions faussement incontrôlées.
Presque vide
Explorer avec autant d’humour la fonction phatique (small talk en anglais) cache une intention, un sous texte. Par la danse et le chant, la troupe aura réussi à dire ce que les mots ne savent transmettre. Pourquoi s’obligeons-nous au groupe ? Comment et pourquoi faire collectif ? Claire Laureau et Nicolas Chaigneau y répondent avec entrain : si l’on se plie au small-talk c’est bien sûr pour échapper à la solitude, mais aussi et surtout pour dire une messe laïque, pour alimenter une foi en l’humanité. Drôle et pertinent.
LES GALETS AU TILLEUL SONT PLUS PETITS QU’AU HAVRE
(ce qui rend la baignade bien plus agréable)
De Claire Laureau et Nicolas Chaigneau
Avec Julien Athonady, Nicolas Chaigneau, Claire Laureau ou Capucine Baroni, Marie Rual
Création lumière Valérie Sigward
Régie générale Benjamin Lebrun
Musique Johann Sebastian Bach, Guiseppe Verdi, Jacques Dutronc, Alain Lefèvre, Francis Scott Key
Théâtre de l’Atelier
1 place Charles Dullin
75018 Paris
Crédit photos ©Wilfried Lamotte
