Après Le pays de rien, la Cie Le tatou Théâtre propose depuis l’an dernier un conte inspiré par les légendes slaves : Vassilissa. Aurez-vous le cœur assez bien accroché pour suivre la petite fille chez la sorcière Baba Yaga ? Nous étions au Théâtre XII pour vivre cette expérience à la fois cruelle, magique, intiatique et familiale.
Lorsque nous nous asseyons, le feu rouge brûle à côté d’un fil ou pend du linge blanc comme neige. Au-dessus du feu, sur une caisse de bois, s’installe la conteuse et sa guitare électrique (Emilie Houillon, alias La Louise). Car oui, Vassilissa est un conte traditionnel, mais oubliez le balalaïkas et plongez-vous dans l’énergie des riffs et des voix enregistrées et surimprimées…
Vassilissa (Clara Domingo) naît dans une famille aisée et connait le malheur de perdre sa mère. Avant de s’endormir pour toujours, cette dernière lui laisse une petite poupée et l’ordre de ne pas être triste (refrain qui revient très poétiquement rythmer l’aventure). Son père est triste aussi mais épouse rapidement une secondé épouse qui a déjà deux filles : à partir de là, les trois femmes martyrisent la petite en lui faisant faire toutes les tâches ménagères, qui résonne chez nous avec un conte européen que l’on ne connaît que trop bien. Trop sage, elle exécute tout ce qu’on lui demande, y compris partir à travers les bois dangereux demander auprès de la terrifiante sorcière Baba Yaga le feu qui s’est éteint dans l’âtre de sa maison où son père est toujours absent…
Avec une très belle lumière et des costume très poétiques (ce sont les textiles qui évoquent les figures de femmes plus âgées), Vassilissa sort rapidement de ses tranchées faussement classiques pour faire l’éloge du questionnement personnel, de la magie, de la curiosité, de l’honnêteté et de la remise en cause des normes. On adore l’appétit de Baba Yaga et la capacité de Vassilissa à jouer, en toutes circonstances. Les mouvements sont gracieux et chorégraphiés et l’espace scénique est utilisé avec ingénuité. La poésie et le pragmatisme se mélangent dans cette quête initiatique de conte un peu punk pour emporter avec eux l’adhésion des publics, de 6 à 166 ans. Nous ne manquerons pas de vous signaler les prochaines dates de ce spectacle qui est une merveilleuse réécriture du conte traditionnel russe Vassalissa la très belle !
(c) Cie Le Tatou Théâtre