Les 17 et 18 avril, au studio 104 de la Maison de la Radio et de la Musique, un concert jeune public de 45 minutes nous a toutes et tous intitié.e.s à l’Odyssée, avec deux récitants palpitants, six musicienn.e.s de l’orchestre Philharmonique de Radio France, du Schubert, de Moussorgski, du Gluck, du Rachmaninov, et une adaptation éclairante des épisodes principaux du poème de Homère.
Il est 17h, ce premier vendredi de vacances de Pâques, il fait beau dehors et la moitié des sièges du studio 104 sont remplis de rehausseurs et d’enfants assez sages. L’autre moitié : ce sont les parents, les grands-parents ou les amis un peu plus jeunes des musiciens. Dès les premières phrases du poème antique adapté en conte par Sylvain Alzial, le plaisir est au rendez-vous. Les deux énergiques récitants Louise Legendre et Geert van Herwijnen jouent tous les personnages rencontrés par le héros d’Ithaque, qui s’expriment dans un français à la fois très oral et rythmé, mais néanmoins riche de mots précis, complexes et poétiques. Ils s’en donnent à cœur joie depuis leurs micros ou depuis l’arrière de la scène où Geert van Herwijnen se retourne pour jouer le cyclope dans un éclairage génial et inquiétant. Pas de loups, donc, dans Homère, mais les petits et les grands ont peur, comme il faut pour bien assimiler un conte.
Dès la scène des lotus, Ana Millet, Renaud Guieu et Catherine Cournot incorporent le mouvement lent du 2e trio de Schubert (oui oui, celui de Barry Lindon) pour nous baigner dans la méditerranée si adverse à Ulysse et, en même temps, si présente dans le poème d’Homère. Rodolphe Théry a choisi des pièces de musique de chambre et symphoniques depuis le romantisme (voire aussi du côté russe), pour servir d’écrin au long voyage de dix ans résumé en 45 minutes très vibrantes. Les voix des récitants se superposent au flot d’un mouvement de Rachmaninov ou d’un air de Delibes, et parfois un instrument (de Nicolas Lamothe aux percussions) illustre les sirènes ou le bruit des vents. Arrangeant ces morceaux choisis et célèbres pour leur donner un tour « antique » sinon « immémorial », Philippe Hattat compose lui-même une valse des vents assez hypnotisante. Les petits sont médusés par les jeux de lumières et d’instruments ; on imagine les marins transformés en cochons par Circé et les arcs maladroits des prétendants. On apprend aussi à écouter Éole et tous les dieux de l’Olympe… Un voyage magnifique qui transmet l’essentiel d’une légende qu’on n’a pas fini d’écouter.
À noter : ce concert fera l’objet d’un podcast des Contes de la maison ronde dans la nouvelle série : Mythes et légendes en juillet 2025.
Visuel : YH