« Quand j’étais petite je voterai » : l’expérience existentielle de délégué.e
par Yaël Hirsch11.12.2023
Crée à Aix-en-Provence et jouée à la Comédie de Colmar ces dernières semaines, la pièce jeune public Quand j’étais petite je voterai de Boris Le Roy, mise en scène par Emilie Capliez, commence un joli tour de France. Trois candidats, un poste de délégué.e et cent possibilités scénographiques pour uppercuter popularité et responsabilité…
Trois candidat.e.s, bien des possibilités…
Ils sont officiellement deux garçons à briguer le poste de délégué : Cachot est conservateur, mais crie assez fort pour convaincre ; et Anar est utopiste, mais il oublie de flatter les égos de ses camarades. Entre eux, punchy mais pas tout à fait sûre au début d’avoir la place d’être candidate, Lune défend pêle-mêle : les filles, la vertu du débat et la pensée dans le mouvement. Quelques adultes encadrent la course : un professeur principal un peu blasé et une directrice assez monstrueuse. Le tout éclate d’énergie sur un grand plateau où un module de Alban Ho Van fait office de pupitre, d’urne, de podium et aussi de machine aussi folle que dans Retour vers le futur.
Pratique rythmique, mais pas didactique
Ce sont trois comédiens de la jeune troupe de Reims à Colmar qui endossent tous les rôles de cette pièce avec une énergie redoutable. C’est leur première mission en tant que professionnels et ils y mettent beaucoup d’eux. Les années fondent sur leurs visages, ils sont très physiques, corporels, à temps carrément dansant, quand ils redeviennent lycéens. En adolescent cynique avec un peu petit vieux dans sa tête, Achille Aplincourt est redoutable et il n’y a qu’un pas jusqu’au professeur principal, qu’il incarne également. En idéaliste aux images aussi lunaires que flippantes, Jules Cibrario est séduisant et en bonne camarade, féministe et pragmatique, Jade Emmanuel est une apparition. Boris Le Roy a retravaillé le texte qu’il avait commencé à écrire après les élections de 2002 et lui insuffle ses idées sur l’importance du binôme homme-femme sans rien imposer. La mise en scène d’Émilie Capliez joue sur le rythme, le flow et le mouvement, pour que jamais les spectateurs ne s’ennuient. Du CM2 à la quatrième, avec les profs et les parents, à la Comédie de Colmar, nous avons, réagi. Et les plus jeunes ont même posé des questions – nombreuses – à la fin avec un bord de plateau où l’on a pu réaliser qu’être acteur, c’est parfois être encore plus populaire que délégué.
Visuel : © Simon Gosselin
Tournée :
Novembre 2023 et avril 2024 : Tournée « Par les villages » de la Comédie de Colmar (68)
19 mars 2023 : ECTC – Espace Grün, Cernay (68)
Du 28 au 30 mars 2024 : Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – CDN (78)
Du 14 au 25 mai 2024 : La Comédie – CDN de Reims (51)
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