« Loup y es-tu ? » : Pierre, le loup et leur suite par l’Orchestre National d’Île-de-France et Emmanuelle Devos

Prokofiev  joliment respecté

La grande salle Pierre Boulez se remplit lentement. On entend des enfants s’exclamer que c’est beau. Et ça l’est… de les voir regarder de haut, émerveillés, l’Orchestre National d’Ile-de-France. Le chef, Toby Thatcher, et notre narratrice de ce samedi matin, Emmanuelle Devos, sont largement applaudis. Après un petit rappel des personnages incarnés par les instruments, on entre directement dans le vif du sujet : un canard, un oiseau, Pierre, et le loup… L’attention est grande dans la salle où certains enfants dodelinent de la tête et dansent même sur le mythique thème qui incarne la curiosité et la témérité de Pierre. Du loup, d’ailleurs, on a très peu peur, dans la salle, avec un oiseau malin qui se pend haut sur la branche et un Pierre qui sait forger un lasso pour l’empêcher de nuire. C’est limpide, la voix d’Emmanuelle Devos est parfaitement calée entre deux séquences qui nous emportent. Ce Pierre et le Loup que des générations qui a marqué des générations d’enfants est à l’image de l’animal sur son affiche : stylisé et élégant. Et c’est presque trop court ! Les enfants applaudissent à la fin du Prokofiev et l’on attend avec impatience la suite ..

Qui a peur d’imaginer la suite ?

Car le spectacle s’appelle « Loup y es-tu ? ». C’est à partir de cette chanson populaire, et dans une grande orthodoxie par rapport à la partition de 1936 qu’Alexandros Markeas a composé la suite. On n’ose pas trop vous en parler pour ne rien divulgâcher. Néanmoins, nous pouvons vous dire qu’en allant chercher ce pauvre loup dans sa prison de zoo, les mots de Nicolas Vanier ont fait le pont entre 1936 et le loup d’aujourd’hui, espèce souvent plus menacée que menaçante… Et que le compositeur a joyeusement respecté le principe d’incarnation des personnages par un instrument en ajoutant des compagnons au loup. Pierre lui-même est un personnage de cette suite tout à fait séduisante, où à un moment les enfants et les parents ont tous voulu danser avec les percussions et les animaux du zoo. Une bien jolie matinée, dans un univers chaleureux et intemporel, malgré les rideaux de pluie qui tombaient sur le Paris de ce samedi 2 mars…