« Je reviens de loin » de Claudine Galea à la Comédie Francaise

Claudine Galea, une écrivaine inspirante

Autrice associée au Théâtre Nanterre-Amandiers depuis 2021 et au Théâtre national de Strasbourg depuis 2015, Claudine Galea sera en avril à l’affiche du vieux Colombier avec un texte inédit, Trois fois Ulysse. Rappelons que Claudine Galea a reçu, en 2011, le Grand prix de littérature dramatique pour Au bord. La pièce fut créée à la Colline par Stanislas Nordey et interprétée par Cécile Brune puis reprise dans une magnifique mise en scène et interprétation par Marine Gesbert.

Au Studio de la Comédie Française, Sandrine Nicolas monte Je reviens de Loin. Écrite en 2003 par Clau­dine Galea, Le texte de la pièce fut d’abord transformée en un script d’un long métrage en 2021 avec  Serre-moi fort de Mathieu Amalric. Il est donc venu ce temps où une metteuse en scène de talent s’attaque à ce texte d’une densité rare.

Une histoire envoutante

Camille fuit sa maison ; alors son mari et ses enfants continuent d’évoluer. Elle revient là où ils ont vécu, imaginant leur vie sans elle. L’ouverture prépare le final dans une construction dramatique telle une fugue :

Elle n’a pas changé du tout ma mai­son. Ils ont repeint le por­tail. Si je pousse le por­tail. Il est ouvert. Ils conti­nuent de le lais­ser ouverte

Cette mère imagine-t-elle la vie de cette famille abandonnée par elle ou bien, elle-même, n’est-elle que rêvée ? Cette énigme tient lieu de suspense. L’intrigue chemine entre passé et futur, entre imaginaire et réalité. D’un côté la mère Camille seule, et de l’autre la famille qui cherche à recomposer sa vie, Marc, Lucie et Paul.

Une scénographie brillante

La metteuse en scène a été captivée par ce qu’inspirent ces personnages, à la fois réels et illusions. Si Claudine Galea fabrique son texte à la façon d’une sonate, Sandrine Nicolas choisit une danse qui lie les êtres entre eux. La scénographie sonore et visuelle, dans une esthétique entre ombre et lumière, est splendide d’intensité.  Et d’intelligence, car ce que la metteuse en scène parvient à restituer est le substrat même du texte de Galea : elle centre le propos sur les regards, sur le regard. Un jeu de miroir appuie le trait. Nous sommes assaillies de visions. Nous voyons tout, les fantômes même. C’est épatant.