Gad Elmaleh & Friends inaugurent le 9e festival d’humour de Paris à la salle Bobino

Un peu de Belgique attendant Gad…

Les deux premières parties belges du spectacle ont un peu vendu la mèche : Gad Elmaleh était en retard à sa propre soirée ! Qu’à cela ne tienne, la Belgique était là en force : Nikos a commencé avec un joli sketch, tandis que Juan s’énervait joliment contre les Françaises si sûres d’elles qu’elles savent mieux que lui comment prononcer son nom. Et on a adoré la manière dont il a égratigné les méthodes de soins alternatives des parents « Montessori » : « une pierre, un dafalgan ». Dès l’ouverture, le show est interactif, avec des demandes de mesures auprès du public : c’est en applaudissant que les spectateurs sont invités à s’exprimer pour dire si oui ou non, ils ont déjà fait telle ou telle expérience.

Des univers très divers

Première partie attitrée de Gad Elmaleh, Harold Barbé est «trash» avec sa longue barbe de viking : il parle morve au nez, paternité désenchantée, couple aussi confortable qu’une voiture d’occasion et, ancien embaumeur, il s’anime un peu pour commenter un enterrement comme un match sportif. Changement d’univers avec Hakim Jemil qui ouvre le bal des vannes sur l’identité, commençant tout de go par écorner ceux et celles qui rappellent que le Hamas est reconnu comme une organisation terroriste et des vannes qui flirtent avec l’amertume et la misogynie sur le rapport des « Arabes » au sexe. Nordine Ganso s’empare de thématiques proches avec le panache d’endosser un rôle de grand simple à peine réveillé, dans son jogging violet. Et notre chouchoute absolue est Alexandra Roth, seule « meuf » sur scène, radieuse avec sa chevelure rousse et capable d’opérer des virages entre vulgarité absolue et poésie absolue quand elle décrit la parade nuptiale d’oiseaux vus dans un documentaire sur Netflix. Une énergie solaire et communicative qui nous a mis en jambes pour accueillir un Gad Elmaleh au top de sa forme.

Le retour triomphal de Gad Elmaleh

La quarantaine c’était pas top, mais la cinquantaine est éclatante, nous confie Gad Elmaleh, récemment devenu grand-père. Avec ses mimiques irrésistibles, son rythme entre hystérie et douce rêvasserie, il ne cesse de parler de lui. Il évoque sa relation à Dieu, aux fans, aux femmes – dont sa mère et une désormais fameuse « Manon » – et aussi aux bonheurs simples de se payer un café avec de la monnaie près de Narbonne et de croiser des gens fous dans les rues de Paris. Il y a toujours du Chaplin et du de Funès dans ce grand danseur et acteur longiligne qui sait aussi bien imiter la flamme bougie qui oscille dans un courant d’air que l’enfant tenu en laisse par ses parents précautionneux. Gad est génial et, après l’épisode US, même quand il décrit son entrevue toujours un peu étrange avec le Pape, il est bel est bien de retour auprès de ses fans parisiens les plus profanes. Ça tombe bien, la plupart des dates de sa tournée, y compris les 28 et 29 juin à l’Olympia sont annoncées complètes.

À la fin du show, l’équipe est presque au complet pour répondre – en amis – aux questions du public. Ce n’était peut-être pas nécessaire, car les questions provenant de l’obscurité semblent parfois vécues comme des petites agressions, mais, néanmoins, on peut mesurer que comme dans n’importe quel Comedy Club il y a une jolie solidarité entre tous les invités de Gad. On ressort de la salle Bobino avec des idées d’humoristes à suivre et chérissant les retrouvailles avec notre « Chouchou » parmi les humoristes. Et la bonne nouvelle, c’est que le festival dure jusqu’au 25 mai.