Sarah Marcuse, auteure, metteure en scène et comédienne, aborde dans la petite salle de la Reine Blanche l’histoire de son inceste dans un spectacle entre corps et mots, entre maturité et enfance. Elle y est attachante et lumineuse.
Holyshit ! qui pourrait se traduire par « Bon dieu, mais c’est bien sûr ! » (en certainement plus cru !) retrace le moment critique d’une expérience révélatrice, d’un retour féroce du refoulé. Le seule-en scène s’emploie à nous raconter avec délicatesse la question de l’inceste, de l’orgasme enfantin, et du long chemin parcouru pour sortir de la répétition victimaire.
J’ai commencé à écrire l’histoire de mon inceste à sept ans. Mais je n’avais pas sufisamment de mots alors je me suis fait la promesse de reprendre plus tard. J’ai tenu parole. Quand je me suis remise à l’ouvrage, j’avais 49 ans et les vannes se sont ouvertes. Ma boite noire a fait rejaillir en bloc non pas la mémoire, (qui n’avait rien occulté) mais les émotions et les sensations que mon corps anesthésié avait refusé. Au delà ce que j’aurais pu imaginer.
La comédienne impressionne. Elle est une femme de presque 50 ans à la pensée riche et multiple. Elle est aussi la petite fille qui n’a pas compris ça et qui ne sait quoi en faire sauf à l’oublier. Souriante, elle soutient par une présence rare une confession précieuse. Elle explique comment l’expérience d’un viol saura rester pétrifiée dans l’esprit d’une victime. La pièce bouleverse, enseigne. On comprend mieux. Et avec l’humanité du vécu, se lève le voile sur ce fait de société qui voit en ces jours des dizaines de femmes accuser Gérard Miller seulement après que sa première victime relate et désigne.
À ne pas rater.
Holyshit!
Texte & jeu Sarah Marcuse
Mise en scène Sarah Marcuse et Madeleine Raykov
Au Théâtre de la Reine Blanche, du mardi 13 février au samedi 23 mars
Mardi et jeudi à 21h
Samedi à 20h
2 bis passage Ruelle
75018 Paris
Visuel Affiche