Anne Martinet est très belle et envoûtante. Elle a adapté au théâtre 24 Heures de la vie d’une femme, la nouvelle de Stefan Zweig. Après son succès au OFF d’Avignon, c’est cette fois à la Manufacture des Abbesses qu’elle nous emporte au sein même de ce destin de femme.
On connait l’histoire ou pas. Une femme, Madame C, veuve et issue de l’aristocratie écossaise, ose témoigner d’un moment d’abandon. Elle nous confie la passion qui l’a hantée pendant de nombreuses années et qu’elle a éprouvée pour un joueur de casino rencontré à Monte-Carlo sur la Riviera. En vingt-quatre heures, elle aura ressenti pour lui des sentiments profonds, violents, contradictoires, comme sait si bien nous les dépeindre l’immense écrivain autrichien Stefan Zweig.
Anne Martinet interprète Madame C dans H24. Et, nous cheminons de suspense en rebondissements. Nous voyageons dans l’âme même d’une femme qui durant 24 heures de sa vie s’est autorisée. Comme dans une mise en abyme, la comédienne s’autorise et affronte avec brio le grand texte de Zweig. Nous sommes captivés, émus, bouleversés parfois. Et, si nous quittons la pièce avec un profond sentiment d’affection et d’amour pour Madame C, nous redistribuons de ce sentiment à la comédienne.
Un moment de grâce.