Diastème (Patrick Asté, dit Diastème, est un auteur-compositeur-interprète, musicien, écrivain, dramaturge, scénariste, metteur en scène et réalisateur français.) a imaginé la rencontre entre un écrivain du 21ᵉ siècle et la nièce de Hitler, morte prématurément. La pièce qui se joue à la Manufacture des Abbesses est une délicieuse réflexion sur la perte.
Un auteur ayant perdu sa femme se rend à Munich pour écrire une pièce sur Angela Maria Raubal, la nièce d’Hitler. En 1931, celle qu’on surnommait GELI (prononcer Guéli) est retrouvée à 23 ans, une balle dans la poitrine, dans le bureau de son oncle. Fasciné par ce personnage central et pourtant inconnu de l’Histoire, il finira par la rencontrer et tentera de résoudre avec elle le mystère de sa mort.
Geli apparait sur le devant de la scène dans un trait de lumière. Elle est morte, mais exige de savoir les circonstances de sa mort. Le temps est aboli. Dans ce temps suspendu, la rencontre en miroir et adoucie, va advenir entre Geli et l’écrivain, interprété Frédéric Andrau, comédien fétiche de l’auteur.
Alienor de la Gorce (Géli) est formidable. Elle est une révélation. Elle soutient l’immense talent de Andrau dont on connait l’économie de jeu qui est sa façon de défendre les textes en diplomate respectueux.
La jeune fille est dépossédée de son histoire. Eut-elle un rôle dans la tragique histoire du monde qu’est la Seconde Guerre mondiale. Fut-elle, comme l’a dit Goering, la dernière goutte d’humanité de Hitler ou fut-elle la première victime du nazisme ? Près d’elle, l’écrivain cherche à combler le vide de la perte de sa femme. Ce qui va circuler entre eux parle de l’acception de la vie, de la création artistique et de l’épineuse confrontation entre le collectif et le privé, entre la grande Histoire et la petite. Au centre, la perte de sens qui est pire que la mort.
La pièce est intense. Elle est un bijou littéraire et philosophique.
Diastème
Frédéric Andrau et Aliénor de la Gorce
Stéphane Baquet
Mathieu Morelle
Crédit Photo ©Mathieu Morelle