Au Bal Blomet, les soirs d’Heure Exquise ne ressemblent à rien d’autre. Ici, le spectateur entre dans une bulle suspendue, où la musique classique flirte avec la chanson, le jazz, la poésie et la pop. Rien d’étonnant à ce que ce cabaret trouve refuge entre ces murs historiques du 15e arrondissement, qui ont résonné dans les Années folles des voix de Joséphine Baker, Kiki de Montparnasse et des surréalistes. Odile de Mainville, directrice artistique et musicale, orchestre ce voyage singulier, entourée de ses complices, avec une exigence rare, mais aussi beaucoup de douceur et d’amitié.
Odile de Mainville : À l’origine, c’est venu d’un besoin très personnel : il m’était hors de question de ne plus partager la scène avec Brenda Mour et L’Oiseau Joli, que j’avais rencontrés chez Madame Arthur. Avec L’Oiseau Joli et Martin Poppins, nous formons le noyau dur de L’Heure Exquise. Nous avions envie de décloisonner, de faire dialoguer musique classique, chanson et cabaret dans des contextes inattendus, avec une configuration légère et mobile. L’accordéon permet cette liberté, il est à la fois harmonique, transportable et proche de l’orgue dans ses sonorités. Nous pouvons jouer de la musique lyrique à un mètre d’un spectateur qui n’a jamais mis les pieds à l’opéra, et c’est magique.
O.d.M. : Absolument. Je souhaitais remettre la musique classique au centre, mais aussi aborder des thèmes qui me passionnent, comme la philosophie ou les sciences humaines, et inviter le public à réfléchir. Mon rêve est que l’on vienne voir un cabaret et qu’on reparte en ayant appris quelque chose, en ayant éveillé sa curiosité.
O.d.M. : Oui. L’idée est venue de Martin Poppins, en référence à la célèbre mélodie de Reynaldo Hahn. Cela résonnait parfaitement avec mon obsession pour le temps. Je voulais que ce cabaret soit un espace où le temps puisse se dilater. Pas d’entracte, pas de formatage. Un artiste a besoin de quinze minutes pour son numéro ? Qu’il prenne quinze minutes. Un soir, nous avons même ouvert avec notre morceau de fin, juste pour inverser les codes.
O.d.M. : Je recherche des interprètes qui, comme moi, ont une formation classique et savent rendre la musique savante accessible. Mais il y a aussi une question d’affinités et d’amitié. Brenda Mour est une icône et une sœur de cœur. L’Oiseau Joli est un arrangeur exceptionnel. Et puis j’invite des personnalités que j’admire, comme Fürsy von Colmar, Lola Dragoness von Flame, La Baronne du Bronx, Mister James, Cosme Mc Moon ou encore Vaslav de Folleterre. Tous sont accueillis dans un esprit de confiance et de bienveillance. Comme je le dis souvent, je veux de la douceur et beaucoup d’amitié. C’est ainsi que la magie opère.
O.d.M. : Pas vraiment. Je fonctionne beaucoup à l’instinct et selon l’actualité. Nous avons fait une spéciale Jeux Olympiques, une spéciale Noël, une spéciale Printemps. Mais je veille également à intégrer les envies des artistes. Plus un interprète répond à son désir, plus il est brillant.
O.d.M. : Un rôle essentiel. Le Bal Blomet, c’est l’ancien « Bal Nègre », ce lieu mythique des années 1920 où se croisaient Joséphine Baker, Kiki de Montparnasse et les surréalistes. On sent ces murs vibrer de cet héritage. Joséphine Baker, surtout, incarne pour nous une figure féminine de cabaret incontournable. Elle venait ici très régulièrement, et cela nous parle énormément. Elle représente tellement de choses que nous portons encore avec nous. Jouer sur cette scène, c’est dialoguer avec cette mémoire. Guillaume Cornut, le directeur du lieu, y est très attaché et nous aussi. Nous avons vraiment envie de surfer sur cette histoire, de faire vivre cette mémoire, et je prépare d’ailleurs de petites choses autour de cela pour l’année à venir.
Il y a également, dans l’implantation rive gauche, un geste fort. La scène cabaret parisienne se concentre majoritairement rive droite. Amener cette énergie dans le 15ᵉ arrondissement, c’est faire bouger les lignes, ouvrir un autre territoire du cabaret et attirer des publics qui ne s’y attendaient pas. Dans la salle, habitants du quartier, étudiants, intermittents et fidèles de Madame Arthur se rencontrent. L’Heure Exquise joue ainsi pleinement son rôle fédérateur.
La direction artistique et musicale de L’Heure Exquise est assurée par Odile de Mainville, qui a imaginé le projet avec Martin Poppins et L’Oiseau Joli. Parmi les artistes invités figurent Brenda Mour, Cosme Mc Moon, Mister James, La Baronne du Bronx, Fürsy von Colmar, Lola Dragoness von Flame ou encore Vaslav de Folleterre. La scénographie est confiée à Poisson, le graphisme et la conception de l’affiche à Agathe Glemet, et les vidéos et teasers pour les réseaux sociaux sont réalisés par Stella K. La production est assurée par La Clé Mutine.
Les prochaines représentations au Bal Blomet auront lieu les 28 et 29 novembre 2025, les 30 et 31 janvier 2026, les 13 et 14 mars 2026, ainsi que les 29 et 30 mai 2026. L’Heure Exquise sera également en tournée le 5 février 2026 chez les Dominicains à Guebwiller, en Alsace. Les réservations sont possibles directement auprès du Bal Blomet.