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Elektra, Elektra ! L’œuvre révolutionnaire de Strauss portée par une très belle équipe !

par Helene Adam
30.04.2024

L’Opéra de Stuttgart, son orchestre, ses chanteurs, ses chœurs et son directeur musical, Cornelius Meister, s’étaient déplacés sur la scène du Théâtre des Champs Élysées ce 29 avril, pour une version concert d’Elektra, cet incomparable chef-d’œuvre de Richard Strauss. Soirée électrisante et ovationnée.

La modernisation des tragédies de l’Antiquité

« Die Schweigsame Frau » était le premier opéra de Richard Strauss après la mort brutale du poète et écrivain autrichien Hugo Von Hofmannstahl (ici).

« Elektra » est à l’inverse le fruit révolutionnaire de leur première collaboration. C’est en assistant, en 1903, au Deutsches Theater de Berlin, à l’une des représentations de la pièce Elektra de Von Hofmannstahl avait écrite, que Richard Strauss le contactera pour composer un opéra.

Salomé (écrit par Oscar Wilde) vient de remporter un grand succès et l’attirance envers les grandes tragédies antiques est une constante des grandes scènes européennes d’alors que sont, notamment, Berlin et Vienne. Ils partagent en particulier, cette fascination pour les thèmes de la fatalité et des origines du mal contenus dans l’Electre de Sophocle (400 avant JC).

L’opéra sera créé en 1909 et sa démesure provoquera un accueil mitigé. Musicalement, dans cette période post-romantique, personne encore n’est allé aussi loin que Strauss dans la violence musicale et verbale, avec cent instrumentistes sur scène et des partitions vocales à la limite du possible pour des artistes si sollicitées qu’elles sont en permanence au bord de la rupture.

La créatrice de Clytemnestre, Ernestine Schumnn-Heink dira d’ailleurs « rien ne va plus loin qu’Elektra, nous avions vécu et atteint l’extrême limite de l’écriture vocale avec Wagner. Mais Strauss est allé au-delà. »

L’histoire d’Electre, d’Oreste, de Clytemnestre, est tirée du grand cycle mythologique des Atrides, et se concentre sur le profond et irrésistible désir de vengeance et de meurtre d’Electre, qui armera le bras de son frère Oreste pour assassiner les assassins de son père, Clytemnestre et Egysthe. Et cette terrible vendetta n’est que la conséquence du meurtre d’Agamemnon, lui-même perpétré pour venger le sacrifice d’Iphigénie la fille aînée de la fratrie. Le crime appelle le crime.

La psychanalyse en vogue dans les milieux intellectuels de ces années-là s’illustrait parfaitement dans ce désir irrépressible de tuer la mère pour venger le père et les personnages sont dépeints avec une lecture contemporaine des idées de l’époque.

L’opéra, ramassé, en un acte très dense, est un coup de poing dont on ne sort jamais indemne. Les applaudissements qui retentissent à la fin d’Elektra, sont toujours intenses, comme libérateurs après une tension souvent insoutenable : c’est l’œuvre qui est ovationnée et à juste titre.

La violence habite Electre (Elektra dans l’opéra en langue allemande), dès les premières scènes. Elle n’est qu’un concentré de haine qu’elle exprime jusqu’à l’extase. Obsessionnelle, unilatérale presque totalitaire, Elektra ne se laissera pas détourner de son chemin et ira jusqu’au bout de son dessein criminel.

La langue d’Hofmannstahl est tout à la fois simple et poétique. Les sentiments exprimés sont clairs et sans fioriture inutile, mais les monologues et les dialogues sont percutants. Strauss compose une partition orchestrale elle-même complexe et probablement, la plus audacieuse jamais écrite par lui depuis ses débuts : on y retrouve tout à la fois les thèmes ou leitmotivs chers à Wagner, une orchestration très riche notamment en cuivres, en percussions mais aussi en harpes par exemple, des pupitres solistes sollicités régulièrement, des entorses aux principes de la tonalités, des ruptures de rythmes incessants et des passages telluriques sur le plan sonore, succédant à des moments élégiaques et lyriques, le tout produisant une somme d’émotions contraires impressionnante.

Une production de Stuttgart sans la mise en scène

L’opéra de Stuttgart avait monté une série de représentations de cet Elektra, sous la direction de son chef Cornélius Meister, dans une mise en scène très controversée de Peter Konwitschny. Deux représentations en version concert, se succédaient par la suite, avec la même distribution, celle du Théâtre des Champs Elysées pour la séance d’hier et une autre, à venir, à la Philharmonie de Cologne, le 21 mai prochain.

Cette solide expérience du travail de scène a évidemment servi les interprètes qui nous ont épargné la fastidieuse « version-concert » chacun le nez sur son pupitre, puisqu’ils et elles ont, au contraire, incarné leurs personnages en permanence, notamment dans très belles confrontations entre Chrysotémis, la sœur qui rêve d’un foyer stable et heureux et Elektra, survoltée et entière, et surtout entre Elketra et Clytemnestre, immense moment d’opéra qui a bouleversé la salle à juste titre.

Toutes vêtues de noir ces nombreuses femmes du plateau évoquent les sombres costumes de l’antiquité et l’on songe à la belle et sobre mise en scène de Robert Carsen revue en mai 2022 à l’opéra Bastille.

L’inoubliable Clytemnestre de Violeta Urmana

Irène Theorin est titulaire du rôle d’Elektra depuis de nombreuses années et elle l’habite incontestablement. Sans extériorisation excessive, elle déploie un chant qui allie sens des nuances et sourde opiniâtreté, faisant de son personnage, une femme profondément blessée et obsédée jusqu’à l’outrance par son devoir de vengeance. Outrance sans cesse exprimée par un regard fixe et habité, sans que le chant ne prenne pour autant d’accents exclusivement en mode forte. Si au départ, la voix peine à se chauffer et présente un médium insuffisamment sonore et coloré, rapidement, et notamment avec l’arrivée « miraculeuse » de la terrrrible Clytemnestre de Violeta Urmana, Irène Theorin prend ses marques, se cabre face à sa mère, concentre ses coups avec toute la perfidie nécessaire avant de « fondre » littéralement face à Oreste, lors de retrouvailles si intenses que nous sommes définitivement conquis et accrochés à ses lèvres quand elle chante, dans l’exaltation de sa propre mort, ses dernières phrases, « schweigen und tanzen ! » (se taire et danser !). Elle réussit ses quelques aigus meurtriers sans éviter quelques stridences mais dans l’ensemble, la prestation est à juste titre largement et généreusement saluée.

La reine du plateau est Violeta Urmana et le public lui exprimera d’ailleurs sa gratitude pour une performance éblouissante : malgré une longue carrière où nous avons pu l’entendre d’ailleurs dans des rôles de mezzo et de sopranos, le timbre est resté large, opulent, les nuances et les couleurs sont légion, sa Clytemnestre est une reine outragée, cruelle, égoïste, autant de traits de caractère particulièrement bien analysés et restitués par cette magnifique artiste, qui nous a conduit dans les cimes du bonheur à chacune de ses apparitions et jusque dans sa mort !

Simone Schneider, seule allemande de ce trio et membre de la troupe de Stuttgart, n’est pas du même niveau et si la voix est belle, les aigus royaux et l’ensemble de la tessiture soutenue, elle manque nettement de cet art de l’incarnation des deux autres. C’est beau mais assez froid et indifférent, même si elle nous offre quelques beaux crescendos/diminuendos, on ne ressent pas vraiment dans son interprétation vocale, les hésitations de cette fleur-bleue de Chrysotémis qui rêve de normalité tout en étant séduite et tentée par les colères de sa bouillonnante sœur.

 

Une très belle équipe

Nous avions une belle surprise par contre avec l’Oreste du baryton de la troupe, Paweł Konik, un nom à retenir pour un artiste à l’aise sur scène, au beau timbre assez sombre, parfaitement adapté au rôle et qui ne fait qu’une bouchée de ses répliques particulièrement bien tournées.

La courte apparition de Gerhard Siegel en Egisthe est un pur bonheur ! Habitué de Strauss (Salomé, rôle du tétrarques) et de Wagner (Le Ring, rôle de Mime), le ténor à la voix singulière, se promène dans ce rôle de personnage lâche et veule, dernière victime du bras vengeur d’Oreste.

L’équipe de solistes principaux est très bien accompagnée par des rôles secondaires de belle facture, la surveillante Catriona Smith, comme la suite de servantes, Stine Marie Fischer, Ida Ränzlöv, Maria Theresa Ullrich , Clare Tunney  et Esther Dierkes. Et ce sont des artistes du Chœur de l’opéra de Stuttgart qui assurent brillamment les brèves interventions des autres personnages, comme le précepteur d’Oreste ou la confidente.

On apprécie grandement l’efficacité de cet esprit d’équipe.

D’autant plus que l’ensemble est dirigé par Cornélius Meister qui possède une grande maitrise de son orchestre et offre une lecture où les passages lyriques, formant des respirations bienvenues dans un déferlement de décibels, sont particulièrement bien respectés et interprétés. C’est cette tension « en accordéon », doublée par une belle technique des intermèdes orchestraux souvent très brefs entre deux scènes, qui créé une émotion ascendante tout au long de la soirée pour finir en apothéose avec la répétition du thème initial appuyé, obsédant, se terminant en point d’interrogation…

 

 

La tragédie ne fait que commencer !

Et si la salle n’était pas totalement remplie, le public était, lui très homogène et son ovation a résonné longtemps et fortement.

Un incontestable succès !

Théâtre des Champs-Élysées, Paris, 29 avril 2024

Photos Elektra © Jean-Philippe Raibaud