Dans le cadre de la Saison Brésil-France, le Balé da Cidade de São Paulo investit le Théâtre de la Ville avec un diptyque signé Rafaela Sahyoun. De la puissance organique de Fôlego à l’élan futuriste de Boca Abissal, la troupe déploie une énergie collective saisissante et offre une traversée où le souffle devient pulsation.
Tout de couleurs et d’organicité, Fôlego ouvre la soirée en une performance où le corps devient instrument. Pieds nus, les danseur.euses scandent de leurs corps la musique de The Field et la bande sonore de Joaquim Tomé, dans une fusion sonore et physique. D’abord tapis dans la pénombre, les corps se révèlent en spirale, un ensemble organique qui s’étend au plateau et se dédouble grâce à un immense miroir incliné. La vision à 360° agrandit l’espace et hypnotise le regard.
Millimétrés, les gestes explosent d’efficacité et de synchronicité. Les pieds s’ancrent dans le sol, se déplaçant avec vivacité et efficacité, les bustes ondulent avec souplesse, les chevelures deviennent un ballet capillaire démultiplié par les reflets. La scène respire au rythme d’un collectif soudé, puissant, où la pulsation irrigue chaque mouvement — un souffle vital qui lie danse et politique.
Quant au deuxième moment de la soirée, Boca Abissal, créée en 2025, déplace le souffle et l’espace. Cette fois, le plateau s’habille d’une matière qui absorbe les bruits, et le fond de scène – une toile blanche – se transforme en écran mouvant, terrain d’ombres et de lumières. Les silhouettes s’étirent, se dédoublent, se dissolvent, sculptées par la scénographie de Camila Schmidt.
Les costumes signés Tela Studio SP s’ouvrent à une esthétique futuriste, presque cosmique qui transportent l’assemblée dans un nouvel univers, dont le dynamisme n’est pas exempt, mais où l’ensemble s’élève. Les corps s’emboîtent, se portent en binômes ou en trios, comme s’ils inventaient un nouveau langage collectif. Plus aérienne, la pièce convoque l’espace autant que le temps, laissant flotter un sentiment d’expansion, porté par la musique originale de Yantó.
En miroir l’une de l’autre, les deux pièces composent un diptyque qui relie l’organique et le futuriste, l’ancrage et l’élévation. Là où Fôlego célèbre la pulsation du sol et la puissance du groupe en transe, Boca Abissal ouvre vers un imaginaire cosmique où la danse devient langage universel.
Avec près de deux cents créations à son actif, le Balé da Cidade de São Paulo réaffirme ici la vitalité d’un collectif ancré dans son histoire et ouvert aux horizons. Rafaela Sahyoun y imprime une écriture où le geste est pulsation, le groupe soutient, et où chaque mouvement rappelle que danser, c’est aussi résister.
visuel : ©Stig de lavor
Jusqu’au 27 septembre au Théâtre de la Ville, pour plus d’informations, cliquez ici.
Tournée :
2 – 3 OCT. Comédie de Clermont-Ferrand, Sc. nat.
8 – 9 OCT. Château Rouge, Sc. nat. Annemasse
14 – 18 OCT. Maison de la danse, Lyon