La pièce, qui avait marqué l’édition 2022 de La Belle Scène Saint-Denis puis le Off d’Avignon 2023, continue sa belle tournée en faisant escale au Festival International des Brigittines à Bruxelles.
Joachim Maudet, Pauline Bigot et Sophie Lèbre sont figé.e.s debout devant nous avec des tops jaune poussin à col cheminée et des jeans ou des pantalons taille haute. Avant même que le public n’ait fini de s’installer, le délire commence. Elles et lui vont se prêter à un exercice de ventriloquie appliqué au charme discret de la bourgeoisie. Elles et lui se mettent à commenter la bonne société sans que rien ne trahisse leur bouche et leur visage figés en mode poker face. Le mouvement est minimal mais pas inexistant. Le trio, qui déploie une leçon de micro-danse pendant les deux tiers du spectacle, tire loin l’exercice, presque à en casser les cordes tant leurs yeux se mouillent de tension. Alors, nous restons suspendus à leurs lèvres immobiles, saisis par un suspense fou : mais quel âge a Chantal ? Le délire est poussé au maximum. Le dialogue foutraque se réalise avec une légèreté de ton et un extrême sérieux dans la technique.
On le sait, la voix est au chœur des grandes tendances de la danse aujourd’hui, et ce travail, au-delà des éclats de rire que le trio provoque, est passionnant. La question est posée, plus de 40 ans après la non-danse qui avait déjà aboli les courbes et les images faciles : comment redéfinir d’autres motifs chorégraphiques ? Welcome semble dire que le mouvement peut aussi être une voix. Dans une image superbe d’hydre à trois corps qui vont se désolidariser dans une frénésie de convulsion, le langage devient autre, il quitte sa fonction de récit pour redevenir symbolique. Du point de vue du corps, l’intensité règne de bout en bout, que ce soit dans la contrainte ou dans la libération. Welcome est un délicieux exercice de style très bien construit.
Visuel : © M.Vendassi C.Tonnerre
Le Festival International des Brigittines se tient jusqu’au 2 septembre à Bruxelles. Informations et réservations.