Depuis le début du Festival, la programmation conjointe avec la SACD ne cesse d’explorer, de plus en plus loin, la notion de « tentative ». Le programme trois est une grande réussite, à l’image de cette 79e édition qui n’a cessé de croître depuis sa deuxième semaine. Sur le plateau, Solène Wachter et Suzanne de Baecque sont très bien accompagnées. On vous raconte.
Pour commencer, nous voyons surgir sur la scène du jardin de la Vierge du lycée Saint-Joseph les deux danseuses, elles aussi issues de l’écurie PARTS. Le travail de Solène est tourné vers l’idée de pop star, tandis que celui de Bryana est plus performatif. Leurs deux univers se rejoignent par une formation rigoureuse, qui leur permet rapidement de proposer des phrases chorégraphiques précises, où les bras, d’abord en pleine verticalité, se plient pour balayer le corps de gauche à droite.
Elles portent toutes les deux des costumes d’une originalité remarquable : un tissu totalement transparent, couvert de mots en quantité, qui laisse voir pour l’une « le haut », et pour l’autre « le bas ». Le message est clair : pour lire l’ensemble, il faut mélanger les deux. La pièce aborde la polyphonie. On y apprend qu’ici, en Provence, lors du Schisme de Rome, le Pape avait autorisé la superposition de lignes mélodiques. Ce n’est donc pas un hasard si le premier mash-up mêle le Campo Santo, l’hymne provençal, et Zombie des Cranberries.
On découvre que ces deux danseuses très techniques sont aussi de puissantes et magnifiques chanteuses. Elles poussent l’exercice à son paroxysme, passant par Dalida, Ariana Grande, ou Joan Baez, pour démontrer que tout peut coexister, à condition de bien s’accorder, et, pour ces artistes formées à PARTS, surtout, de bien s’aligner.
C’est le dernier des Sujets de cette 79e édition, et c’était celui dont tout le monde parlait ces derniers jours. La raison : Hervé Vilard. Oui, le chanteur de Capri c’est fini, là, dans le « in ». Improbable, non ? C’est cette tension, cette impossibilité d’accueillir le populaire dans le monde du spectacle vivant, que la comédienne et metteuse en scène pointe du doigt dans une proposition qui lui va comme un gant kitsch.
Elle nous dit : « Je voulais imaginer une rencontre avec un artiste qui ne pouvait avoir lieu nulle part ailleurs, chercher l’absurde et l’improbable, (…) mesurer le fossé, (…) mais aussi trouver les points communs, (…) j’ai donc décidé d’inviter Hervé Vilard. ».
Et là, on rit. On rit de le voir, lui, entrer sur cette scène-là. Puis, au fil de la représentation, la perspective change. Zackary Bairi, révélé par Marie-Noëlle Genod, et adoré chez Rebecca Chaillon, donne un cours de théâtre. Avec une forme de tendresse qui cesse d’être parodique, il transmet les clés à ce chanteur qui a tant marqué sa génération, et les suivantes.
Comme dans le premier travail, les identités se mêlent, les corps se mettent à la place de l’autre. Et comme dans Logbook, tout fonctionne quand les harmonies s’alignent, dans une performance dont les allures foutraques des premières minutes ne laissaient pas prévoir une telle dose de poésie.
في « Logbook »، تمزج برايانا فريتز وسولين واشتير الحركات الجسدية بالغناء في أداء متعدد الأصوات يجمع بين البوب والممارسات الأدائية. ينعكس هذا التناغم في أزيائهما المكتوبة والمكشوفة، ما يرمز إلى تداخل المعاني. أما سوزان دي بايك، فتقترح لقاءً غير متوقع بين هيرفي فيلارد ومسرح المعاصرة، حيث تتحول السخرية إلى لحظة من الشعر والتشارك بين الأجيال.
In Logbook, Bryana Fritz and Solène Wachter blend precise physical choreography with vocal polyphony, creating a mash-up of pop culture and performance art. Their transparent, word-covered costumes symbolize the merging of meanings. Suzanne de Baecque, meanwhile, stages an unlikely encounter between Hervé Vilard and contemporary theatre, where parody gives way to tender dialogue and unexpected poetic harmony.
Du 23 juillet au 26 juillet au Jardin de la Vierge du lycée Saint-Joseph.
Le Festival d’Avignon se tient jusqu’au 26 juillet. Retrouvez tous nos articles dans le dossier de la rédaction.
Visuel : © Portrait d’Hervé Vilard et Suzanne de Baecque © Léo Aupetit