Crée en 2022 pour le Festival Montpellier Danse, le tube populaire de Philippe Decouflé continue sa grande tournée pour faire escale sous le Chapiteau de la Villette jusqu’au 22 octobre. Sympathique.
Dès la première scène, oui, il faut parler de scène, comme au théâtre, pour évoquer ce spectacle, le ton est donné : léger ! Good vibes même ; de bonnes ondes. Il est là le fil conducteur de cette pièce concert : dans les bonnes ondes. En avant-scène, juste vêtu de panneaux blancs qu’il fait défiler en les jetant au sol les uns après les autres, le clown, danseur et chanteur Baptiste Allaert se paie l’adhésion du public très familial de ce dimanche 8 octobre après-midi. Avant que la danse, au sens chorégraphique du terme, ne fasse son apparition, les applaudissements sont déjà légion. Il sera le monsieur loyal de ce musical-rock, celui qui fera le lien entre les tableaux qui se succèdent.
La première scène nous montre l’ensemble des danseurs et danseuses qui… patinent sur place. L’image est délicieuse, comme la seconde qui étire une danseuse jusqu’à ce que sa voûte plantaire vienne épouser le front de son partenaire. On retrouve pas à pas la grammaire decoulféienne qui se caractérise par un mélange de pop culture, de cirque et de bande dessinée, le tout passé au mixeur. L’esprit des JO, ceux d’Albertville comme ceux qui arrivent cette saison, est présent. Concrètement, au premier degré, les interprètes nous donnent de la sueur. La pièce est ultra-physique et longue (90 minutes). Les interprètes sont jusqu’au-boutistes, époustouflants de technique et de pluralité de talents. Violette Wanty est incroyable dans sa circulation entre danse néo-classique et chant métal. Une alliance peu commune !
Le trio rock envahit tout l’espace avec des reprises efficaces. On reconnait les Beatles, Tears for Fears, les Beach Boys… À côté de cela, il propose une série de compositions fleurant bon les belles heures du grunge. Arthur Satàn (guitare), Louise Decouflé (basse) et Romain Boutin (batterie) sont mis en majesté, surélevés sur des podiums. Alors, ce qui se doit se passer arrive. La musique prend le dessus et efface la danse qui en fait trop pour n’être plus que démonstrative. Les flips répétitifs d’Aurélien Oudot comme les nombreux portés qui reposent la danseuse en grand-écarts cessent de nous amuser. À cela s’ajoute un pas de deux en latex qui tombe à plat et qui, au lieu d’être BDSM-Sexy-Chic, est vulgaire dans ses postures exagérées. Le geste va trop loin, il est trop propre pour être percutant.
Stéréo est un spectacle joyeux, aussi feel good qu’un bon tube de rock. On salue sa force festive, mais cela ne le transforme pas pour autant en pièce neuve. Sa nostalgie évidente pour le temps d’avant le numérique donne à ce Stéréo un côté suranné qui n’a pas le charme du vintage.
Visuel : ©Sandy Korzekwa