Paris l’été et le Festival Les étés du Louvre offrent la scène magique dressée dans la Cour Lefuel comme tremplin au « Static Shot » du Ballet de Lorraine, mis en mouvement d’un bloc d’énergie par Maud Le Pladec (CCNO). Attention chef d’œuvre !
Ils sont 24 à entrer sur scène par les deux escaliers majestueux qui semblent couler du Louvre. Parés de costumes à la fois street et de maille pailletée un peu SM, certains et certaines portant des masques ; les danseurs du Ballet de Lorraine sont une apparition dans la nuit. Dès le premier instant, la musique de Pete Harden et Chloé Thévenin saccade un rythme percutant. Et dans leur diversité acidulée, les danseurs prennent si bien possession de la scène de la cour Lefuel que l’on a du mal à imaginer que la pièce a pu être créée à l’Opéra national de Lorraine. Les danseurs se meuvent en ensemble, dans un unisson puissant qui remplit la scène dans toute sa largeur. Ils nous semblent à la fois proches, intimes et en même temps aussi mordorés et ruisselants que des idoles antiques.
Dans ce spectacle qui dure 30 minutes, mais déverse assez d’adrénaline pour nous énergiser pendant toute une semaine, les danseurs commencent par défiler, fiers… S’ensuivent des gestes venus du hip-hop et des moments de rondes et danses plus folkloriques et anciennes, qui nous perdent dans la concordance des temps. Et pourtant, comme pour les costumes, sous ses dehors sauvages, la chorégraphie de Maud Le Pladec est d’une précision et d’un raffinement qui joue et se joue des répétitions. C’est en effet le cinéma, et plus précisément la technique du collage cinématographique, qui structure cette pièce absolument fulgurante. Le cadre permet aux gestes et aux corps d’exploser et nous sommes invités à une célébration d’une beauté unique. Les foules se séparent, se croisent, les mains se lèvent en angles francs vers le ciel et les genoux ne restent pas une minute en place. L’intensité est simplement folle et l’on est transporté de bout en bout par cette ode au mouvement qui résonne comme un hymne.
A voir encore ce 11 juillet à 22h et 23h dans le cadre de Paris l’été, avant une tournée en France qui passe par Nantes, Reims, Avignon, Thaon et revient à Nancy en mai prochain.
(c) Quentin Chevrier