Le jeune retraité des Ballets C de la B, Alain Platel signe avec OMBRA une co-production entre la Geste et l’Opéra Ballet Vlaanderen avec lequel il avait déjà remonté C( h)œurs en 2022. La première d’Ombra compte dans son parterre, certains des acteurs essentiels de la danse contemporaine belge : Anne Teresa De Keersmaeker, Sidi Larbi Cherkaoui…
Je suis très fier des danseurs du Ballet et du bon spectaculaire qu’ils ont fait, en même pas huit ans. Ce qui est très beau, est de voir des danseurs qui ont fait un tel travail sur eux-mêmes afin de ne plus être dans la performance, mais dans l’être. Il y a une douceur, une violence. Toutes les émotions sont présentes, mais il y a surtout une intégrité. Ce qui n’est pas souvent évident à trouver dans des compagnies de répertoires, car la structure, en elle-même, n’est pas faite pour cela.
J’ai toujours recherché cette chose-là lorsque j’étais le directeur artistique du Ballet de Flandres parce que je viens de la danse contemporaine pure et dure. Quand je suis entré dans ces institutions, j’avais d’autant plus envie d’importer cette notion d’intégrité. C’est-à-dire rester sur scène avec soi et d’être simple là-dedans.
J’ai vu cela ce soir avec Ombra et cela m’a vraiment touché. Cela m’a rendu très heureux.
Il y a des nouveaux visages, car cela fait deux ans que j’ai quitté le Ballet. Mais il y a aussi, effectivement, des danseurs que j’ai bien connus et je viens de voir à quel point ça leur a fait du bien de travailler, à deux reprises (précédemment sur la reprise de C(h)œur, avec Alain Platel. Et moi, je viens de chez Alain. Donc mon passé, c’est ça ! Bien sûr d’autres choses se sont passées depuis, dans ma vie et j’ai eu d’autres références. Cependant, c’est avec presque nostalgique que je vois à quel point ces jeunes ont réussi à rentrer dans l’univers d’Alain comme j’ai pu le faire moi-même, il y a presque 24 ans.
Je viens juste de finir Idoménée de Mozart pour la télévision de Genève. Étant donné qu’il s’agit d’un opéra, cela m’a pris beaucoup d’énergie.
C’est vraiment très intense parce que justement cela aborde la figure d’Idoménée qui ne veut pas mourir et qui, d’une certaine manière, veut absolument garder son pouvoir. J’ai beaucoup aimé pouvoir travailler sur cette tragédie grecque. Dans l’opéra philippien, Idoménée donne le pouvoir à son fils. J’ai pris le parti de retourner vers la pièce de théâtre, pour ce qu’elle a de beaucoup plus tragique : puisqu’il tue son fils. Je trouve que c’est ce qui se passe actuellement dans le monde : la précédente génération tue la prochaine.
Plutôt que d’offrir un monde à nos enfants, nous leur détruisons. Et cela, parce que nous voulons garder notre monde le plus longtemps possible. Il y a une sorte d’égocentrisme que je trouvais très important à aborder dans cette œuvre. Pour certaines personnes, c’est très choquant et pour d’autres complètement naturel, surement parce qu’ils connaissaient la tragédie grecque. Je suis plutôt quelqu’un qui va toujours dans l’étymologie des choses, dans le passé du passé, qui ne reste pas figé sur ce que l’on dit ou qu’il faudrait faire, je pense davantage qu’il faut s’interroger sur d’où on vient. Et à quel endroit les choses sont-elles tendues ?
C’était très intéressant de travailler sur ce sujet.
Sinon, en tant que directeur artistique, j’invite Rachid Ouramdane à créer avec le ballet de Genève. C’est fabuleux à voir.
Je fais des choses que je n’ai pas faites ici, à Gand.À Genève, j’essaie aussi d’inviter Damien Jallet, interprète et chorégraphe que je connais depuis très longtemps. Il est vraiment très proche de moi, je l’aime beaucoup et je trouve fabuleux le travail qu’il fait en ce moment. C’est tellement particulier, unique ! C’est un bonheur pour moi de pouvoir soutenir, chez nous, son travail.
Sinon, je fais des pièces anciennes avec le ballet et de nouvelles créations. La prochaine verra le jour en novembre à Genève.
Tiago Rodrigues axe sa programmation autour d’un pays ou d’une langue, une culture spécifique. Cette année, il s’agit de l’Espagne.
Donc je pense, que tant que ce ne sera pas le Maroc ou la Suisse, je ne pourrai pas y retourner.
Il est vrai que cela me manque beaucoup de ne plus être invité dans les festivals comme celui de Marseille par exemple.
Je serai quand même dans le sud en juillet, à Vaison la romaine, au Festival Vaison Danses, avec une pièce, Nomad que j’ai faite avec la Compagnie Eastman.
Visuel : © Marie Azenin