Le festival Montpellier Danse accueille l’hommage de l’artiste d’origine iranienne au Festival des arts de Shiraz en un geste obsessionnel et enivrant.
D’origine iranienne, Armin Hokmi vit et travaille en Europe depuis plusieurs années. Interprète remarqué chez Mette Ingvartsen et Hooman Sharifi, il est également performeur et chorégraphe. Sa dernière création explore, à travers le mouvement corporel, la disparition de la liberté en Iran. Cette œuvre est une référence directe au Festival des arts de Shiraz.
Organisé de 1967 à 1977 à Shiraz, dans le sud-ouest de l’Iran, le Festival des arts était un lieu de rencontre des cultures et des arts du monde entier. Il symbolisait une vision multiculturelle et ouverte avant d’être brutalement interrompu par l’avènement de la République islamique en 1979.
Pour capturer l’essence de cet événement emblématique, Armin Hokmi utilise le bassin comme point central de son expression artistique. Le geste de base, souvent caricaturé dans la « danse orientale », devient ici un outil puissant. Une hanche qui se lève sur une jambe raide, un pied en avant, une main devant le visage, puis la hanche qui descend et remonte – cette séquence forme la grammaire de Shiraz.
Armin Hokmi, imprégné de culture européenne après avoir fui l’Iran pour s’installer à Berlin, utilise les codes classiques de la danse répétitive, connus du public français grâce aux œuvres d’Alessandro Sciarroni. Hokmi apporte sa propre touche, formant des groupes et des lignes, ajoutant des mouvements subtils des bras ou des visages qui se penchent encore plus bas.
Dans cette création, la danse est dégenrée, mêlant danseurs et danseuses dans une harmonie parfaite. Les six interprètes évoluent au rythme des percussions, avec des mouvements de bassin souvent associés à une esthétique féminine. Comme Ali Charour, Hokmi transmet ces gestes également aux hommes, créant une unité de mouvement sans faute.
Shiraz est une pièce hypnotique, exécutée à la perfection. Elle s’inscrit dans la lignée des œuvres qui explorent les mouvements traditionnels avec obsession et talent. Alors que près de 12 millions de Français ont voté pour le Rassemblement national, il est poignant de se rappeler qu’avant 1979, l’Iran était un pays libre. En 2024, l’Iran est toujours sous dictature. Quel mouvement garderons-nous de notre temps en démocratie ?
Visuel : © Armin Hokmi Kiasaraei
Retrouvez toute la programmation du 44e festival Montpellier Danse