Danseur, chorégraphe, pédagogue, notateur Raphaël est un tout ! Le mouvement est son guide. Avec sa compagnie, La poétique des signes, il en analyse le sens, s’intéresse à son passé autant qu’à son futur et se mesure à son écriture. Sa dernière création L’éloge des Possibles, donné dans le cadre du festival Faits d’Hiver, illustre sa démarche de façon heureuse.
Extrait de Quel est ce visage ? une suite de 7 soli pour 7 masques chorégraphiée par Christine Gérard en 2001, le solo au masque rouge sert de matrice au projet. Raphaël Cottin a dansé pour la chorégraphe, il en connait l’exigence et la demande de précision du geste. Le solo transmis à Arthur Gautier ouvre sereinement la soirée, il annonce les déclinaisons du souvenir d’un parcours sans nostalgie. La danse est graphique plus cérébrale que physique et passionnelle, délibérément dépouillée. Un style, une pensée…
Le danseur interprète vit et s’épanouit à travers les œuvres auxquelles il est confronté. Il grandit avec et s’affirme peu à peu en tant qu’artiste en s’appuyant sur l’empreinte que celles-ci ont laissé en lui. Elles construisent un corps autant qu’un imaginaire. De l’écriture de Christine Gérard que Raphaël, on le sent, a aimé il extrait les essentiels comme la qualité du mouvement, l’espace dessiné, la capacité à ne pas tout dire et nous laisser en suspension. Face à la profusion du geste et du moi qui débordent des plateaux, les corps ici semblent contraints dans une réflexion qui les entrainent vers un certain maniérisme. Pour autant le mouvement est là, fluide, il parcourt les corps des 4 danseurs (Amandine Brun, Raphaël Cottin, Arthur Gautier, Paul Grassin) et se déploie dans des séquences toutes en lenteur dont se dégage une certaine mélancolie, chacun étant renvoyé à sa solitude. Les lignes s’affirment courbes ou droites dans les bras, le buste, franches dans des jambes étirées. Un soupçon de classicisme irrigue les corps. Les danseurs suivent leurs partitions sans chercher à rejoindre celles de la musique si ce n’est dans une attention à une présence partagée.
Air, Eau ; Souvenirs ; Motion ; Espace complémentaire etc.… Chaque titre, chaque séquence nous fait avancer dans ce qui permet la rencontre entre mouvement – espace – musique. On pourrait être dans l’adjectif, c’est beau, c’est réussi, c’est épatant … Mais en cours de route une audace s’installe déplaçant notre attention vers autre chose ; un événement surprise arrive qui renouvelle le regard et renoue avec (peut – être) l’esprit happening … Les danseurs s’en trouvent libérés et abordent le Concerto pour quatre danseurs avec une envie de vivre et de danser communicative.
Si L’éloge des possibles présentent quelques aspects qui nous rappelle le gout de l’exercice, la proposition dans sa dimension transmission est pertinente et surtout nous dit que la danse a une Histoire constituée d’artistes et d’œuvres. Face à cette question qui traverse cette création Que reste- t- il de…on pense de beaux souvenirs …
Visuel : © Affiche du festival Faits d’Hiver