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Retour à la tradition pour Akram Khan avec «Gigenis the genération of the earth»

par Odile Cougoule
15.01.2025

De création en création, Akram Khan danseur et chorégraphe anglo – bengali reste fidèle au Mahâbhâratan, poème épique indien qui nous raconte les heurts et malheurs de deux branches d’une famille royale revendiquant chacune le droit à hériter du trône. Imprégné de cette histoire, Akram Khan fait le choix cette fois – ci de mettre au centre de Gigenis the genération of the earth, la femme, épouse d’un mari mort à la guerre et mère de deux fils aux caractères opposés, que l’on va suivre dans son questionnement sur la vie. Le pouvoir, la vie – la mort, l’amour – la perte, les rivalités et les luttes fratricides façonnent ce récit flamboyant.   

 

 

 

 

Une scénographie dépouillée

Un son percussif violent nous saisit d’entrée, répété il agit comme l’annonce d’un événement et donne d’emblée la dimension surprenante du spectacle. Le rideau s’ouvre sur une première image : la danseuse Kapila Venu prise dans un faisceau de lumière. Apparue dans un espace sans artifices, l’image qu’elle crée est saisissante et d’une beauté sereine. Nul recours aux décors envahissants, le plateau semble vide ; des musiciens installés à cour et à jardin, un long banc en fond de scène, une rampe d’ampoules sur 3 cotés posent le cadre du drame que l’on pressent. Tout se jouera en frontal. La seule présence de la danseuse nous fait entrer dans un univers celui d’Akram Khan. Danseur de kathak mais aussi danseur contemporain, évoluant entre tradition et modernité, il sait déplacer les codes pour créer des spectacles qui ne boudent ni la narration, ni la technicité des solistes, ni le travail de groupe. Chaque spectacle affirme sa capacité à créer des images fortes qui embarquent le public.

    

Une figure centrale

Cette femme, pilier de la famille, à la fois maternelle mais peut – être aussi sorcière, nous la suivrons à différents âges de sa vie, berçant un enfant, en lamentation face à la mort de son fils ou dépossédée de tout espoir. Dans de grands pliés seconde, dans des gestes de bras qui convoquent le ciel et condamnent la terre, cherchant l’envol dans des sauts désespérés sortes d’appel aux dieux elle affiche une force dramatique qui nous percute et nous guide dans la narration. Autour de cette figure centrale, ses fils et un chœur de danseurs font preuve d’une virtuosité technique exceptionnelle dans des structures de forme traditionnelle de type chœur accompagnant un soliste. Frappes des pieds franches et sonores, travail subtil des bras, bustes souples, courbes incessantes dans le haut du corps, giration de style kathak et sauts, un langage, celui d’Akram Khan, imprime l’espace. Les mains même n’hésitent pas à se saisir de la tradition en formant couronnes, oiseau ou marque de combat alors que l’on reconnait quelques triplettes bien contemporaines ! Chaque danseur spécialiste d’une danse de l’Inde spécifique fait preuve d’une capacité de maitrise dans la vélocité sans perdre l’unité du groupe ; les ensembles sont particulièrement beaux notamment les rondes dynamiques aux allures guerrières. 

 

La musique au service de la légende

Construit en séquence dans une alternance d’intensité musicale et de silence, le spectacle fait la part belle à la musique. La qualité de l’écriture musicale et la qualité du son sont remarquables. L’association des percussions indiennes au violon, à la contrebasse et aux voix fait résonner des sonorités nouvelles qui apportent le calme, défient l’amour ou engendrent le chao car comme dans toutes légendes les éléments se déchainent. La présence des musiciens sur le plateau est pour beaucoup dans l’adhésion inconditionnelle du public du théâtre des Champs Élysées à Gigenis the genération of the earth ce soir. Baladé entre références sacrées et profanes, voix exceptionnelles et tambours majestueux, tout les plonge dans le bonheur d’entendre autant que de voir sur scène une histoire terrible et cependant actuelle : dans un monde en guerre, une femme a vu périr son mari, puis l’un de ses fils….

 

Fort d’une double culture Akram Khan affirme par cette création la nécessité de ne pas négliger et de prendre en compte nos traditions dans ces sociétés où la vitesse provoque l’effacement et l’oubli. Ce spectacle parle de nous, il est à sa manière l’histoire de nos vies en plongeant dans les fondements de nos civilisations. À travers la puissance de la danse, le respect de la musique et la construction d’images simples et significatives, la forme narrative n’a rien de désuet.

 

 

Danseurs et danseuses : Akram Khan, Sirikalyani Adkoli, Renjith Babu, Mavin Khoo, Mythili Prakash, Vijna Vasudevan, Kapila Venu

 

Musiciens et musciennes  : BC Manjunath (percussions Mridangam), Rajeev Kalamandalam (percussions Mizhavu), Hariraam Lam (violon), Nina Harries (contrebasse), Sohini Alam (voix) Chitra Poormina Sathish (voix), Rohith Jayaraman (voix)

 

Théâtre des Champs Élysées – Paris

11, 12, 13, 14 janvier 2025

En tournée internationale

Visuel : ©Maxime Dos