Pierre Pontvianne : « La liesse » comme état de corps à Montpellier Danse

Fond de scène en miroir reflétant la salle, rangée d’ampoules rouge au – dessus prêtes à nous éblouir, plateau nu, Pierre Pontvianne ne joue pas d’artifices spectaculaires, ce qui se passe sur le plateau a sa préférence.  Pantalon noir, chemise bleue, les cinq danseurs s’engagent dans une danse de contacts et d’entrelacs à l’écoute les uns des autres. Dans cette danse enchainée, n’éludant ni les ruptures ni les surprises, ils semblent comme en apesanteur. Une nappe sonore entêtante les accompagne. L’émotion entre eux née de ce jeu de passe-passe est palpable bien que le contrôle du geste soit inéluctable.

Répéter à l’envi

Élan, suspension, relâchement, arrêt, Les corps tricotent ces éléments en usant d’un vocabulaire simple qui demande cependant dans son exécution une technique excellente. Les phrases ou motifs se répètent identiques avec malgré tout un rien de différence. Ce travail de répétition du même impose de lâcher le mental pour aller vers l’organique. La fluidité s’installe dans ces chaînes de danse, dignes des chaînes anglaises. Des lignes se forment. Un soliste va rompre ce continuum puis retrouver le groupe, Ce passage du groupe à l’individu pose la question de la définition même du groupe et donc de cette liesse qui se forme en un instant au détour d’un événement. Solitude juxtaposée, désir d’être ensemble, entrave assumée, besoin de respirer… Le chorégraphe laisse la danse s’autodéterminer dans son message.

L’Ivresse du mouvement perpétuel

Le groupe fonctionne comme un organisme vivant qui respire. Il tourne ; ça tournicote sur le plateau à s’en donner le tournis. Les danseurs s’enlacent, se lâchent, se repoussent, leur performance physique est « énorme » comme nous l’avons entendu de la bouche d’un jeune homme. Dans ce travail qui confronte le spectateur à l’ivresse, la relation au temps est importante, c’est soit trop long soit pas assez pour nous embarquer dans ce vertige collectif. La présence de miroir est là pour augmenter cette sensation recherchée, les lumières rouges qui nous font perdre nos repères également. Nous restons rivés à la présence des danseurs dont les solos nous semblent bien sombres. Le mot qui résonne dans nos têtes « lâcher prise » pour s’abandonner à La liesse.