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Pedro Pauwels, un corps dont il faut se souvenir

par Odile Cougoule
19.02.2024

Dans le cadre du festival Faits d’hiver à Paris, Pedro Pauwels interprète et chorégraphe présentait deux projets, Cygn etc une pièce majeure qui tourne depuis sa création en 2000 et Mr Splapstick solo de 2023 réalisé en collaboration avec le chorégraphe Jean Gaudin. Une belle occasion d’être attentif à l’interprète dont on oublie souvent la place essentielle qu’il occupe dans la création en général.

 

Voir ou revoir Cygn etc… créé en 2000, nous trouble par la beauté qui se dégage de ces huit solos composés par huit 8 chorégraphes femmes Anne-Marie Raynaud, Odile Duboc, Carolyn Carlson, Françoise Dupuy, Elsa Wolliaston, Wilfride Piollet, Patricia Karagozian, Zaza Disdier. Pas la peine de s’adonner au jeu de qui a fait quoi, les chorégraphes ne sont pas en concurrence. Les écritures sont là diverses, éclatantes, assumant une part de l’histoire de la danse et des styles qui la composent. À travers la proposition de Pedro Pauwels, donner leur version de La Mort du cygne créé en 1907 par Michel Fokine pour la danseuse Anna Pavlova sur une musique de Camille Saint Saëns, les chorégraphes dévoilent une parcelle de la relation intime qui les lie au mouvement dansé, mais aussi à l’interprète matière vivante du processus de création. La confiance entre chorégraphe et interprète doit être sans faille pour que l’œuvre apparaisse. La faire naître demande de la part du danseur une disponibilité totale de corps, de sensibilité, de force vitale, d’intelligence du mouvement. Pedro Pauwels a cette qualité qui consiste à savoir s’effacer et accepter de se retrouver autre pour exalter l’œuvre qui advient de ce partage artistique, rôle d’humilité par excellence. De solo en solo les états de corps varient et dans ce continuum où la musique revient sans cesse, chaque solo est unique.

Un instant partagé

Parler du cygne, partir du cygne, faire vivre en nous le cygne, chacun des partis pris donne un éclairage sur cette fascination qui nous a presque tous ébranlés un jour. Que l’interprète soit au sol lutant dans des soubresauts chaotiques cherchant l’élévation, se bagarrant à perte de souffle ; sur une chaise corps rageur, mains tendus face à la mort ; presque désabusé face à l’impossible envol ; cherchant un dernier élan vital dans une légèreté disparue ou coincé dans une robotique expression, à travers lui nous assistons impuissants et fragiles à l’effacement progressif de la pulsion de vie.
Anna Pavlova vue dans le film qui débute le spectacle, nous obsède de ses petits pas et de ses bras si légers ; la trace laissée par Pedro Pauwels nous taraude. Nous avons peu envie de quitter cet espace au sol blanc, ce carré lumineux à l’avant-scène côté jardin, signe fort d’une présence invisible et cet écran où la Pavlova a laissé flotter délicatement quelques plumes.

Keaton or not Keaton ?

Rappel également à l’histoire avec Mr Splapstick. D’entrée la nature des traversées de l’espace par l’interprète -Pedro Pauwels- nous propulse du côté du cinéma muet, du personnage, d’une certaine esthétique. Qui est – ce Mr Splapstick dont le nom désigne le genre cinématographique, créé Marck Sennett, qui convoque la farce, la commedia dell’arte et l’art de la marionnette. Pour se lancer dans une œuvre d’un genre nouveau pour lui, le burlesque, le chorégraphe – interprète a fait appel au chorégraphe Jean Gaudin. Interaction, propositions réciproques, choix définitifs sont au cœur de la collaboration entre ces deux artistes. Jean Gaudin a apporté une chaise l’a Installée à l’avant-scène, au centre, à égale distance de cour et jardin. Placée dos au public, elle s’impose comme l’élément central, focalise le regard et surtout crée du suspens. La musique de Mauricio Kagel, Variété (1977), composée en séquences dans la veine du théâtre musical, cadre le temps et détermine l’atmosphère. Buster Keaton sert de guide à ce solo, non qu’il s’agisse de lui ressembler, de l’imiter encore moins de rivaliser avec ses performances. On se sent d ‘ailleurs passablement loin de Buster si ce n’est dans une approche directe : le visage impassible qui nous est offert.

Les codes du burlesque

La création s’appuie sur le burlesque et les codes qui vont avec, le corps sollicité comme élément comique, les coups, la chute, la glissade, la collision etc.… Une histoire de timing et de rythmicité en quelque sorte. Le personnage va et vient, évolue devant nous dans un principe d’apparition/ disparitions. On le sent capté par l’élaboration personnelle de son histoire, à la fois perdu ou confus, mais volontaire et déterminé. La perfection du geste est obligatoire pour convaincre de la vérité du personnage. Marches, courses, corps vigoureux, vieillissement, postures impeccables, l’interprète n’a pas d’âge il est ce qu’il fait. … La chaise opère comme le point fixe autour duquel la mobilité est possible. Cette situation crée une tension dramatique efficace autant qu’efficiente. Keaton n’agit pas sur les éléments ou les événements extérieurs, il pratique avec adresse l’évitement : la chaise en est le symbole. Postée là, elle provoque malgré tout quelques gags, par exemple lorsqu’assis par terre il tente de s’en approcher par reptation successives de fesse en fesse et que sa main reste coincée sous une fesse. Où lorsque la chaise reste placide dans une stoïcité inévitable alors qu’il s’adresse à elle avec virulence…
Un peu embrouillés dans nos références au début du solo, la fréquentation de ce Buster façon Pauwels- Gaudin finit par nous toucher et même nous embarquer. On a la sensation de le connaitre ; quelques routines nous renvoient à nous et à nos obsessions. La perfection de l’interprétation nous convainc qu’on est au bon endroit.
Ce Mr Splapstick, personnage perdu dans un décor inexistant traversé de belles lumières, on se met à le suivre dans les épreuves de sa vie, comme hypnotisés jusqu’à sa disparition dans le fondu au noir de fin.

En tournée

Visuel © Faits d’Hiver