En duo avec le compositeur et guitariste Serge Teyssot-Gay, la danseuse et chorégraphe poursuit son envol en solo. Elle tremble pour nous jusqu’aux entrailles, pour nous délivrer de tous les maux et de tous les deuils qui nous traversent.
Au commencement, une ligne violette, fine, se trace au néon. Puis elle s’étend, laissant apparaître l’artiste, stoïque, enveloppée dans une tenue souple.
Loin d’elle se tient ce guitariste star, qui transforme son instrument en usine rock, à coups d’archet et de sample. On le sait, on le sent, ça va être violent. Mais pas violent comme on pourrait l’imaginer, c’est plus viscéral que ça.
Elle commence à bouger. Son pas est un tremblement qui s’empare d’elle de la voûte plantaire jusqu’au sommet du crâne, insistant fortement sur la nuque dans les premières secondes. On le sait, on le sent, elle ne va pas en rester là. Les bras s’ouvrent, les tremblements deviennent vibration, et cette énergie peut se retourner dans le bon sens, à condition, comme elle, de bien la maîtriser.
À l’instar du travail de sa sœur Nacera, pour qui elle a souvent dansé, Dalila Belaza explore la frontière entre ombre et lumière. C’était le cas dans Figures, et c’est encore le cas pour ce bel Orage.
Elle s’intéresse, elle aussi, comme Miet Warlop ou Eszter Salamon, à la matière. Pas uniquement celle que produit le tissu dans l’acte de danser, mais aussi la matière de la lumière, qui lui permet de disparaître complètement et de revenir sur la pointe d’un pied, presque en s’excusant.
Orage est une œuvre brève, d’une quarantaine de minutes, qui agit comme un soin pour celui ou celle qui la regarde. Dalila Belaza danse la réparation après une immense épreuve, elle danse les allers-retours entre la sensation de guérison, la rechute et enfin l’apaisement, le vrai.
In Orage, Dalila Belaza appears in a neon line that cracks open the stage, joined by a guitarist whose rock-infused soundscape pushes her into visceral tremors. Like in her sister Nacera Belaza’s work, Dalila explores the tension between shadow and light, using fabric, vibration, and illumination as raw matter. The forty-minute piece unfolds like a healing ritual, a passage through rupture, relapse, and finally, deep calm.
Le 17 septembre à 19h au TNP.
La Biennale de la danse de Lyon se tient jusqu’au 28 septembre, à Lyon.
Visuel :©Pierre Gondard