Olivier Dubois en haut du «Podium» au Festival Paris l’été

Faire danser des athlètes

Fidèle à lui-même, Olivier Dubois propose des gestes précis à la quarantaine d’athlètes qu’il a réunie dans la grande cour du lycée Jacques Decour. La grammaire de cette célébration célèbre l’esprit du sport plus que ses lettres : les rubans et surtout les cerceaux (anneaux Olympiques s’il en est !) des immenses gymnastes détonnent par rapport aux mouvements ramassés et concentrés des boxeurs et boxeuses aux corps et âges beaucoup plus divers. Quant à l’aérobic, c’est une bénédiction de couleurs et de densités, tout en coordination, qui rappelle les meilleures heures des années 1980. Un brin nostalgique, donc, sous le soleil de Paris l’été, Olivier Dubois fait défiler ces corps et leur demande de former une grande diagonale du muscle et du fair-play.

Une foule en liesse

Ce n’est qu’après que les corps et les disciplines se mêlent dans une fête massive où les mouvements se transmettent et se partagent : tous et toutes lèvent les bras au ciel comme les gymnastes, tous et toutes dansent en rythme saccadé d’aérobic et tous et toutes posent le genou à terre pour achever au poing de détruire symboliquement l’ennemi – vous aurez reconnu ici la boxe !

Le visage de l’effort

Alors que cette foule en liesse sur un rythme très soutenu nous emporte comme dans la meilleure chanson d’Édith Piaf, on réalise combien le chorégraphe a su faire travailler selon une grammaire idoine ces corps d’athlètes si divers pour les transformer en danseurs. Une matière brute qui se raffine et s’affine même en 45 minutes de «Podium». Et le clou de cette performance est son final, juste après le ruban arc-en-ciel de la ligne d’arrivée. Dans un Olympisme académique, Olivier Dubois fait prendre la pose à ses athlètes, comme une galerie de Dieux du Stade Athéniens. Ça reste coloré et ouvert. Et surtout, les visages se mettent à s’éclairer et à se mouvoir en rythme. On quitte alors le règne des corps pour passer à autre chose, où l’émotion et l’expression humaine priment… On quitte les arrêts sur image, la liesse de la foule reprend… Et nous aussi, nous avons envie de grimacer de joie pour célébrer un travail d’équipe et la joie de danser autour d’un podium qui nous élève.

Alors que le Festival Paris l’été s’est concentré dans les multiples cours et salles du Lycée Jacques Decour et que nous avons pu y voir jusqu’à six performances le 10 juillet (!), ne manquez pas non plus ces prochains jours le cabaret intello de Vaslav (lire notre article), ainsi que l’installation sensuelle et sensorielle «Dernière minute» du duo de plasticiens Adrien M et Claire B.