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05.07.2025 → 11.07.2025

« NÔT », la nuit trop sage de Marlene Monteiro Freitas au Festival d’Avignon

par Amélie Blaustein-Niddam
06.07.2025

Depuis son premier solo Guintche en 2012, la chorégraphe cap-verdienne a imposé ses secousses sur le monde de la danse contemporaine. Depuis, il y a eu une dizaine de pièces, un portrait au festival d’automne et un lion d’argent à Venise. Marlene est une icône comme interprète et autrice. L’idée qu’une pièce de danse ouvre la Cour d’honneur était superbe, mais malheureusement, NÔT n’atteint pas la puissance dramaturgique des dernières créations de cette artiste géniale.

« Shall we begin ? »

 

Au tout début des années 2010, beaucoup découvrent cette danseuse cap-verdienne et portugaise qui danse comme personne. La pièce s’appelle [M]imosa, Marlene Monteiro Freitas y côtoie Trajal Harrell, François Chaignaud et Cecilia Bengolea. Et elle se donne à voir, de façon très directe, dans un solo où elle s’enlaidit, joue les bêtes de scène et semble hurler : « Regardez-moi ! » C’est à cette même période qu’elle écrit pour elle-même un autre solo, Guintche. Après, toutes ses pièces sont entrées dans deux mots : Ultra et Extrême. Toujours, ses interprètes sont des pantins sous acide qui ne redescendent jamais de leur montée de drogue. Ils et elles sont très speed. C’était le cas dans Jaguar, Bacchantes, Prélude pour une purge, Canine Jaunâtre 3, Mal, Embriaguez Divina, Pierrot Lunaire, Idiota, ÔSS,… À chaque fois, ses pièces ont en commun une écriture pantomimique, des percussions, et de la lumière franche. Elles ont surtout en commun d’être toujours politiques. On l’a vue s’attaquer à l’invisibilité des handicaps, à la justice. Normalement, quand la troupe de Marlene danse, on pense à Jean-Paul Goude, et aux Rita Mitsouko. L’esthétique est celle des années 1980. Comme chez eux, le geste n’est que saccade. Il n’y a jamais de fluidité, les danseurs et les danseuses avancent comme des automates. Cela donne une transe fantastique, enivrante et psychotrope. Si on vous raconte tout ça avant de vous parler de Nôt, c’est qu’il nous semblait important de vous situer cette artiste dans l’ensemble de sa production.

 

Computer Blues

 

Revenons à ce 5 juillet 2025. La Cour d’honneur se remplit et, pour faire patienter le public, un danseur se lance dans une samba raide, au son de Prince. Chez elle, les dos sont des blocs droits, et les bras, quand ils dépassent les épaules, ne le font que pour un salut utilitaire. Il parcourt l’avant-scène en jupette blanche (de tennis, comme dans Jaguar) et la main gantée (c’est le cas dans toutes les pièces), mis en lumière par une poursuite efficace. Le décor est composé de grands grillages blancs, de lits, et d’escaliers. Il y a toujours des escaliers dans ses pièces, cela permet des montées et des descentes aux allures militaires. Au fur et à mesure, les tableaux se mettent en place dans une opposition entre le sale et le propre, le pur et l’impur, entendez, le vice et la vertu. D’un côté, un vrai pantin masqué, et ça, pour le coup, c’est totalement neuf dans son œuvre, multiplie les crasses en mode pipi-caca-vomi, alors que de l’autre côté, bien alignés, ils et elles s’époussettent et s’essuient les mains avec précision. La danse qu’on adore est là, les petits pas presque glissés, les à-coups perpétuels sont mis en scène dans une espèce de pensionnat où les vêtements sont composés de robes de velours noir surplombant des jupes rouges.

 

« A Story to Survive »

 

Le fil conducteur de la pièce est le conte des Mille et Une Nuits, qui est surtout l’occasion de parler des violences faites aux femmes. Les filles sont représentées à l’aide d’un masque ressemblant à celui d’un poupon pour le bain, ou alors, plus récent, celui du jeu 1, 2, 3 soleil dans Squid Game. La pression monte dans un flux de batterie martelante, il se passe quelque chose de grave, c’est évident. Sur les lits, qu’ils et elles font et défont dans des gestes obsessionnels et très bien exécutés, le sang coule. Mariana Tembe a beau frotter, la mousse envahit un danseur, les tâches restent, collent aux tabliers. Elles veulent se cacher, et surtout échapper à ces tyrans muets qui s’approchent des micros. Elles veulent laver la honte, ces mots qu’elles ne veulent plus entendre, astiquer pour que le crime cesse. Nôt est absolument une pièce de Marlene Monteiro Freitas, tous les ingrédients s’y trouvent, dans le fond comme dans la forme. Mais, mis à part l’utilisation des masques, on peine à voir le renouvellement de son écriture et de son propos. La troupe a beau être dans une maîtrise totale du mouvement, il reste plus pauvre, et plus calme que d’habitude. Le problème, c’est que cette grammaire faite de saccades fonctionne dans un rythme haletant, elle ne rime pas avec calme. Ici, les tableaux, superbes, sont trop étirés, trop usés, pour nous faire éprouver, on l’imagine, la sensation de ces longues nuits à retenir son bourreau de passer à l’acte au petit matin.

 

«  Can you see me ? »

 

Malgré une indéniable technicité, un sens aigu de l’image, du son et de la lumière, une bande-son impeccable (qui n’est pas sans rappeler son travail sur la musique arythmique de Pierrot Lunaire), Nôt déçoit par son manque d’audace. La violence reste jolie, alors qu’elle devrait nous donner, comme le masculiniste du début de la pièce, une belle envie de vomir. Nous gardons de Nôt une collection d’images fortes, tel ce trio de poupées ménagères se transformant en nonnes en manipulant de façon frénétique une taie d’oreiller. Une pièce de Marlene ne supporte pas l’entre-deux, elle doit être radicale ou ne pas être, elle doit nous clouer sur notre chaise, en nous fixant dans le crâne des images aussi indélébiles que son immense bouche rouge dans Guintche. Dans Les Mille-et-une Nuits,  Shéhérazade entame une histoire pour que plus aucune vierge ne soit tuée au petit matin. Elle empêche des féminicides à la chaine. Cela aurait dû être un geste explosif, un maelström fait de luttes et de crainte, ce que Marlene sait manipuler avec génie. Le geste et les images sont là dans une proposition décousue qui rate sa cible.

 

ملخص بالعربية :

في Nôt، تقدم مارلين مونتيرو فريتاس عرضاً بصرياً مثيراً يندرج ضمن أسلوبها المميز: أجساد مشدودة، أقنعة، إيقاعات متسارعة، وسينوغرافيا قوية. مستلهمة من ألف ليلة وليلة، تتناول المسرحية العنف ضد النساء بلغة جسدية مشحونة، حيث تسعى الشخصيات إلى غسل العار ودرء الجريمة. لكن رغم الجودة التقنية والبصرية، يفتقر العرض إلى الجرأة والانفجار المعتادَين في أعمال فريتاس السابقة. النتيجة: صور قوية ولكن سرد مفكك، لا يرقى إلى قوة الرؤية التي عرفناها عنها.

Abstract

Nôt by Marlene Monteiro Freitas unfolds as a visually intense piece, staying true to her signature style: twitchy bodies, masked faces, pounding rhythms, and stark lighting. Inspired by The Thousand and One Nights, the work addresses violence against women through a surreal, charged physicality, where characters attempt to cleanse shame and avoid silent tyrants. Despite its striking imagery and technical precision, the piece lacks the boldness and urgency of her earlier works. What remains is a fragmented narrative with memorable moments, but without the radical impact we’ve come to expect from Freitas.

Du 5 au 11 juillet à la Cour d’honneur du Palais des Papes.

Avec Marie Albert, Joãozinho da Costa, Miguel Filipe, Ben Green, Henri « Cookie » Lesguillier, Tomás Moital, Rui Paixão, Mariana Tembe

Le Festival d’Avignon se tient jusqu’au 26 juillet. Retrouvez tous nos articles dans le dossier de la rédaction.

Visuel © NÔT, Marlene Monteiro Freitas, 2025 © Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon