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Nadia Beugré : les mânes de ses ancêtres

par Gérard Mayen
26.06.2025

La chorégraphe ivoirienne effectue un pas de côté, de grande beauté, en revenant au village de ses origines, quand on la connaît en général liée à la vie urbaine la plus actuelle. Epique ! (pour Yikakou), pièce vue au festival Montpellier danse

 

Une figure rare de la danse contemporaine africaine

En son temps, la diplomatie culturelle française a vigoureusement investi le domaine d’une nouvelle danse contemporaine d’Afrique. C’est dans ce contexte qu’on découvrit Nadia Beugré, alors membre de la compagnie Tché-Tché, basée à Abidjan. Soit une expérience rarissime de compagnie chorégraphique africaine exclusivement féminine (la danse, dans le domaine subsaharien, étant une pratique massivement masculine).

Avec sa conception d’une culture sur-administrée, de surcroît post-coloniale, la diplomatie culturelle française a surtout produit des chorégraphes extrêmement sages et appliqués, peu informés des nouvelles esthétiques des performances décoloniales ou féministes. Dans ce tableau décevant, Nadia Beugré a toujours tranché. Elle ramenait sur scène la force urbaine d’une jeunesse tumultueuse et décalée.

Une force singulière malgré le doute

On s’attacha beaucoup à la singularité de Nadia Beugré. On la soutint, il le fallait. Mais avouons-le : c’était au prix du doute. Car tout de même, il régnait dans les pièces de Nadia Beugré un désordre, voire un côté brouillon, qui semblait trahir un manque de maîtrise, à la longue embarrassant. Mais on avait raison de croire en la force artistique de cette femme. Sa toute dernière pièce, Épique ! (pour Yikakou) vient d’en fournir la preuve éclatante.

Yikakou, village disparu

Yikakou était le village d’origine des ancêtres de Nadia Beugré. Un mental occidental a souvent du mal à imaginer cette chose : un nombre considérable des Africain·es vivant dans les grandes villes ont vécu l’exode rural. Et, à l’instar d’un nombre considérable d’Européen·nes installé·es dans les grandes villes, ils et elles conservent une mémoire du village des origines, empreinte de nostalgie, d’un sentiment de perte. C’est très moderne.

Pire, dans le cas de Nadia Beugré : le village de Yikakou a disparu. Son arrivée sur place tourne à un genre de fouille, laquelle permettra d’exhumer des tombes, de façon presque inespérée. S’active la mémoire de son père ; également celle d’une aïeule bien plus ancienne, qui était la grande ordonnatrice spirituelle du lieu, pleine de savoirs protecteurs et de pouvoirs prédictifs. À l’artiste contemporaine, cette grande figure féminine a aussi légué l’un de ses prénoms : Gbahihonon. Soit : « la femme qui dit ce qu’elle voit ». Toute la trempe de Nadia.

Mouchoirs en papier, mémoire en acte

Quelques mots suffisent à Nadia Beugré pour situer tout cela. Dire la réalité du vide implacable des lieux. Pressentir aussi tout ce qui peuple un vide, de possiblement intense. Des mots très simples, à l’envie de nettoyer des tombes, en prendre soin — « mais je n’avais pour ça qu’un mouchoir en papier ». Avant de dire cela, dans la fournaise de l’été 2025 à Montpellier, la performeuse a commencé à distribuer dans le public des mouchoirs en papier. Ma foi, bienvenus pour éponger l’odieuse transpiration.

On en restait perplexe, tant l’interaction dans la proximité avec les spectateur·ices peut receler de leurres un peu grossiers. Or tout bascule : ces mouchoirs parlent donc de tombes, de devoir de mémoire. Rebond du signe. Bifurcation de sens. Certes, Nadia Beugré et ses deux partenaires en scène vont rester dans un rapport de grande proximité avec les spectateur·ices, plein d’interpellation. Mais c’est pour les engager dans un troublant voyage.

Une transe sculptée

Tout semble posé, suspendu, souverain, dans la gestuelle pondérée, le jeu narratif des mains, la scansion répétitive des pas, sobrement dansés autant que fermement ; parfois l’abandon lâché au roulement du sol. Tout est rythmé, tenu, jusque dans les murmures et silences. La musique tient des instruments, dont un balafon joué par Salimata Diabaté en scène, l’une des rares interprètes féminines dans le genre. La musique tient tout autant des voix — chant profond de Charlotte Dali, chanteuse des vies d’Abidjan.

C’est aussi une musique de pures vocalisations organiques, de percussions corporelles, de variations respiratoires, parfois joueuses. Car tout semble voué à la transmutation des êtres, à la transfiguration de leur pouvoir de présence, par triturations des traits, par onctions ou salissures de karité et de kaolin. Grandes métamorphoses. Et c’est tout l’espace du plateau qui entre en mutation plasticienne, dans une formidable économie de moyens, où des papiers Lotus marquètent un dallage funéraire ; où une mince poussière dessine un sol d’ondulations fabuleuses.

Peu importe les sources, la magie opère

On ne saura pas si toutes ces formes, ritualisantes, tiennent de traditions récupérées ou de pures inventions contemporaines. Et qu’importe. En émane toute une atmosphère d’élévation méditative, d’incantations et d’oraisons, génératrices d’une densification du présent et d’un grand déplacement onirique. On a adoré découvrir une Nadia Beugré souveraine, tout en composition de tableaux précis et denses, dans la pleine maîtrise d’un rapport au monde judicieusement fragmenté, éminemment féminin, pour ne pas dire féministe, richement connecté aux forces du vivant.

 

 

Montpellier Danse, jusqu’au 3 juillet

Informations et réservations

Visuel : ©Strouven Rhok