Jusqu’au 1ᵉʳ juin, Marco Berrettini reprend cette pièce écrite en 2018, mais qui nous entraîne dans les entrailles des années 70.
Au commencement, Caroline Breton s’approche à reculons du beau piano et joue une boucle entêtante. Le décor est un arc de cercle psychédélique, au sol, on trouve de la moquette crème et dans un coin un gros œuf attend l’éclosion. Ils et elles semblent être sous substance. Maurice N. Broizat, Sébastien Chatellier, Julia Batinova, Caroline Breton, Samuel Pajand forment un collectif de gens visiblement en paix intérieure.
Chacun, chacune entre dans le flow des mélodies qu’ils et elles posent au piano. La musique est actrice dans ce spectacle puisque la chorégraphie, écrite par les interprètes, fonctionne par motifs : une chanson est égale à un geste dupliqué le temps que dure la mélodie.
My soul is my visa est une boucle qui fait passer ses interprètes par le clavier. C’est une boucle artificielle sans début ni fin. La pièce dure une heure, mais elle pourrait durer toute une nuit, cela n’a pas d’importance.
Alors, le mouvement complètement barré se modifie en fonction des notes jouées. Il est plutôt fixe, chargeant les genoux d’un rebond qui remonte dans les épaules à contresens. Une sorte de vague donc qui peut se muter en marche vers l’avant ou l’arrière. On entend les morceaux de Tom Johnson, Nils Frahm, Meredith Monk, Olafur Arnalds, Bill Fay, Nina Simone, Erik Satie, Beth Gibbons ou encore Curtis Mayfield. Si les époques et les styles sont différents, la sensation reste ancrée quelque part en Woodstock et l’île de Wight.
My soul is a visa est un délicieux spectacle vibratoire, qui vous submerge de « good vibes»