« Mieux vaut partir d’un cliché que d’y arriver » : les gestes en abyme de Sylvain Riéjou

Nous avions laissé Sylvain Riéjou sur la scène du Carreau du Temple cet hiver avec Je badine avec l’amour (parce que tous les hommes sont si imparfaits et si affreux), une comédie chorégraphique où la voix est omniprésente, en direct et en lip-sync. Mieux vaut partir d’un cliché précède Je badine. La pièce date de 2017. Elle permet donc de comprendre comment ce danseur s’est mis à parler. Sylvain Riéjou aime raconter. Cette petite phrase qui donne son titre au spectacle est tirée d’une citation d’Alfred Hitchcock : « Il vaut mieux partir d’un cliché que d’y finir. »

Dans ce one-man show vidéo-chorégraphique, Sylvain nous propose ou plutôt se propose d’apprendre une chanson de geste. En danse, la chanson de geste a été inventée par Daniel Larrieu. Elle traduit en mouvement les paroles des chansons sans se soucier du sens. L’exercice est plutôt lacanien, les mots peuvent être découpés, symbolisés.

Alors, il va s’exécuter et mettre en images les paroles de cette chanson en apparence stupide :

Je l’ai perdue, pauvre de moi !
Ah, qui sait où est-ce qu’elle peut bien être ?
Je ne la trouve pas. Je l’ai perdue
Misérable moi !
Et ma cousine, et le patron
Que vont-ils dire ?

Et vous savez quoi ? On ne va pas vous dire qui a écrit ça, et sur quel air ça se chante. Vous seriez très surpris.e.s ! Toute la pièce, pendant laquelle on rit beaucoup face à la capacité clownesque du danseur qui joue, surjoue, sur-surjoue des interactions avec ses doubles plus ou moins sympathiques.

Et si derrière le cliché se cachait de la beauté, de la profondeur ? Si au-delà de l’humour était en réalité posée la question du pourquoi et du comment danser ?

Mieux vaut partir d’un cliché que d’y arriver est un éclat de rire intelligent, à voir absolument.