Memento est la quatrième pièce de la compagnie MazelFreten, créée par le danseur électro Brandon Masele et de la danseuse hip-hop Laura Defretin. Pensée comme un manifeste, la pièce inonde la salle de son énergie. Dynamisme communicant, cohésion, ou encore poésie instrumentale apportée par le piano de la danseuse Motoko Araki, la pièce de 50 min sans entracte est une chorégraphie complète. On ressort de bonne humeur, avec plein de danse en tête !
MazelFreten, c’est d’abord un duo. Connus sous les pseudonymes Miel et Nala, Brandon Masele et Laura Defretin fondent la compagnie en 2018. Composée de nombreux danseurs, quatre d’entre eux se sont réunis autour des deux chorégraphes : les danseuses Aisi Joyce Zhou et Motoko Araki, et les danseurs Maksim Myax Aleshichev et Filipe Francisco Pereira Silva. Le choix des artistes est bien pensé : réaliser un spectacle avec autant de danseurs électro que de danseurs hip-hop pour combiner les styles. Cette alliance fonctionne parce que la pièce ne joue pas sur les différences stylistiques, mais au contraire, sur leur affinité esthétique et performative. Dans la note d’intention du spectacle, Laura Defretin et Brandon Masele expliquent avoir voulu « confronter sur scène la vraie rencontre de ces deux gestuelles, à travers différents genres, différents corps, différentes cultures et différentes origines ». Cette osmose traverse le spectacle du début à la fin. Memento est une pièce homogène, où la question du genre technique disparait pour se fondre dans la masse des danses et des chorégraphies.
La musique, cependant, est électro, création originale de Nikit, KCIV, Ngls qui marche vraiment bien. Les basses de l’ouverture font vibrer la salle d’entrée de jeu et nous emportent dans le monde de Memento. Les lumières, contrastées, soulèvent cette atmosphère.
Les premiers tableaux pourraient évoquer les luttes, l’absence de solution. Les coups et ses répercussions, l’agitation de Nala en opposition à l’immobilité dansée de Miel avec une référence dansée à six aux gestes d’un marionnettiste. Tenter de s’échapper, tourner en rond, se bagarrer dans le vide, face à un mur. Le début de la pièce explore ces différentes facettes psychologiques et tranche avec la douceur des couleurs pastel des tenues. Le blanc du sol fait ressortir ces tons, sur lesquels joue la lumière du spectacle. Et puis : la présence d’un piano. Interprétées avec émotion par Motoko Araki, ses sonorités acoustiques tranchent avec l’industrie musicale auquel sont souvent rattachés ces deux styles de danse. Son apparition sur scène apporte des sons en lévitation, un moment de poésie qui parcourt avec finesse la scène qui se joue devant lui.
Le reste du spectacle danse à l’unité. On garde de Memento une symbiose technique et stylistique ultra-dynamique ! Le spectacle est une démonstration de technique et de performance ! Memento, c’est quand même 50min de danse sans entracte ! Sur scène, la cohésion du groupe entraîne les danseurs qui s’entraident pour garder le rythme, porté un moment par Laura Defretin qui aura tout donner ce samedi 16 mars pour porter avec elle ses danseurs et aller au bout !
On ressort époustouflé par tout ce souffle, par l’énergie des danseurs plus que généreux, qui amènent à voir de la danse pointue à un public conquis par ce spectacle si complet ! Bravo !
Visuel ©Duylau
Distribution / Mentions de production
Chorégraphes Laura « Nala » Defretin, Brandon « Miel » Masele
Interprètes Laura Nala, Miel, Filipe, Myax, Motoko, Joyce
Création lumière Judith Leray
Création musicale Nikit, KCIV, Ngls
Production Mazelfreten
Coproduction Maison du théâtre et de la danse Épinay-Sur-Seine ; Centre des Arts Enghien les Bains ; Initiatives d’Artistes / La Villette – Paris ; Théâtre de Corbeil Essonne ; Corbeil Essonne
Points Communs Cergy Pontoise ; CCNRB Rennes ; Caisse des Dépôts ; Département de la Seine-Saint-Denis