Maria-Carmela Mini : « la programmation interroge la société et les crises qu’elle traverse »

par Marcel Simon
le 05.06.2023

Du 6 au 28 juin, le Festival Latitudes Contemporaines s’empare de Lille et de sa métropole. Sa directrice Maria-Carmela Mini nous parle de sa programmation.

Pouvez-vous me raconter quelle est l’identité de ce festival ?

Depuis 2003, le festival n’a eu de cesse d’évoluer et de se façonner pour être au plus près de l’évolution des formes artistiques, mais aussi pour se faire l’écho des problématiques qui traversent la société. A travers les projets des artistes des sujets abordés dans leurs créations la programmation interroge la société et les crises et qu’elle traverse.

La programmation est internationale et pluridisciplinaire. Par la présence d’artistes confirmés, nous permettons à des artistes émergents de bénéficier d’une visibilité importante. Le festival fait un travail de défrichage afin de révéler les talents en devenir.

Y a-t-il un fil directeur à cette édition ?

Je parle plutôt de la construction d’un récit. Mon souhait est de soulever des sujets qui traversent les spectacles et qui donnent cohérence à la programmation.

Cette année le récit s’est construit sur un triptyque de mots : Transmission, Transition, Révolution

A travers ces 3 mots, je traverse l’histoire de notre société des années 80 à aujourd’hui. Les années 80 l’année de la transmission, les année 2000 les années de la transition, et la question sous-jacente est : faut-il faire la révolution pour aboutir à une société nouvelle qui prend en considération les questions de transition écologique, des droits culturels, de la parité, de la place des femmes, de la représentation des minorités etc.

Bien entendu, l’idée n’est pas de faire du prosélytisme et je me garderai bien de donner une réponse, mais l’idée est de donner des pistes de réflexions les plus larges possibles au public et qu’il puisse lui-même construire son cheminement à mesure qu’il traverse la programmation du festival.

Quelle est la place de la création ? Comment accompagnez les vous ?

Nous accompagnons la création toute l’année par le biais de notre bureau d’accompagnement d’artistes et de production. Nous accompagnons aujourd’hui 9 artistes et même si leur première n’a pas lieu dans le festival Latitudes Contemporaines, nous avons travaillé à leur faisabilité et ce de la page blanche jusqu’à la création. Nous poursuivons ensuite par un travail de diffusion à l’échelle nationale et internationale.

En ce qui concerne le festival, si nous n’avons pas beaucoup de première, nous avons beaucoup de créations qui viennent de se faire et souvent nous présentons des spectacles qui n’ont été présentés que 2 ou 3 fois. C’est une des qualités du festival, c’est de permettre en cette fin de saison une visibilité à des spectacles qui ont été créé au printemps. Le festival Latitudes Contemporaines, comme d’autres, est un trait d’union entre les fins et les débuts de saisons des théâtres et des lieux de diffusions.

Dans votre programmation, vous incluez des spectacles qui font deborder la notion de chorégraphie, je pense au puissant Necropolis d’Arcadi Zaides par exemple. Est-ce que cela est voulu ?

Depuis plusieurs années Latitudes Contemporaines a évolué vers un festival de la scène contemporaine tout médiums confondus. Ce qui m’intéresse aujourd’hui c’est plus le sujet du spectacle que le médium auquel il appartient. Bien sûr que le public a besoin que nous le guidions en indiquant s’il s’agit de danse, de musique, de performance, ou de théâtre, mais si un projet m’intéresse par son propos parce qu’il apporte une pierre importante au récit en construction, je décide de le programmer sans pour cela m’intéresser au médium qui le définit.

Il n’est pas rare aujourd’hui que les artistes naviguent entre ces différents médiums souvent ils choisissent le médium le plus pertinent et qui convient le mieux aux propos et aux sujets qu’ils traitent dans leur création.

Vous avez le sens de la fête ! Parlez-moi de cette place qu’occupe la danse au sens dancefloor dans le festival

Le fait festivalier est un moment particulier dans le calendrier culturel, le public y vient pour découvrir des spectacles, de nouveaux artistes, mais aussi parce qu’il sait que ces temps de découvertes que proposent les festivals seront ponctués de moment plus festifs et donc de moments qui font communauté.

Ce sont des moments extraordinaires qui permettent de donner un tempo au festival, un rythme, mais aussi des temps de respiration de lâcher-prise.

Bien entendu les artistes musiciennes et musiciens qui animent ces moments sont choisis en cohérence de la programmation cela permet de rester dans le récit mais de manière festive. Ces moments sont aussi des temps de relation particulière au public. Sur cette édition par exemple. Il y aura des ateliers pour apprendre des danses issues du monde entiers et de classe sociales très différentes, des danses qui sont des manières de revendiquer des droits et de dénoncer l’oppression, etc. Cela permet de reconnecter ces danses à leurs histoires et à leurs origines.

Ces moment festifs nous permettent également une porte d’entrée dans le festival pour un public qui ne s’autorise pas à entrer dans les théâtres pour différentes raisons.

Du 6 au 28 juin à Lille

Réserver.

Maria-Carmela Mini : « la programmation interroge la société et les crises qu’elle traverse »

Pouvez-vous me raconter quelle est l’identité de ce festival ?

Y a-t-il un fil directeur à cette édition ?

Quelle est la place de la création ? Comment accompagnez les vous ?

Dans votre programmation, vous incluez des spectacles qui font deborder la notion de chorégraphie, je pense au puissant Necropolis d’Arcadi Zaides par exemple. Est-ce que cela est voulu ?

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