Dans le cadre du Festival d’automne, nous retrouvons la danseuse et chorégraphe Soa Ratsifandrihana à la MC93. Après son solo g r oo ve qui nous avait subjugué, nous la retrouvons dans Fampitaha, fampita, fampitàna. Une quête identitaire qui se perd dans les méandres d’une multiplicité de propositions.
Fampitaha, fampita, fampitàna veut dire, en malgache, « comparaison, transmission et rivalité ». Ces trois mots sont la colonne vertébrale de la pièce qui est la traduction d’un très beau projet. Il est une extension scénique de Rouge cratère, une fable documentaire adressée au pays non natal. Sur scène, Audrey Merilus, Stanley Ollivier et Soa Ratsifandrihana commencent par incarner, comme dans un défilé de Miss Colonies, des noms de pays : Haïti, Madagascar, Guadeloupe, Martinique, Les Antilles, Madagasikara, et puis les noms des occupants : France, Belgique. Ces pays sont ceux où ils et elles vivent aujourd’hui en première, deuxième, troisième génération, toutes et tous des enfants d’immigrés. Leurs identités sont troublées. Quelle est la langue maternelle ? Celle que leurs parents ont commencé à parler en arrivant ou celle d’avant ? Comment se nommer ? Que faire de ces objets tressés qui ne ressemblent en rien à des décors occidentaux ? C’est tout cela que la pièce questionne.
La pièce souffre de sa composition en tableaux surjoués et augmentés en permanence par la musique live. Ils et elles sont tous et toutes de parfait.e.s interprètes. Les danseuses et le danseur sont dans des fluidités de corps parfaites, le musicien maîtrise les nappes et les riffs de sa guitare. Ce n’est pas le problème. Le problème tient dans la construction de la pièce. Elle commence très bien, entre hommage et stéréotypes, dans une danse presque baroque aux allures de bal. Les costumes suivent le mouvement dans des jupons colorés. Les bras volent haut, le temps se suspend, les regards sont complices. Le geste est à la fois nostalgique et critique. Mais ensuite, la pièce se perd, s’étire en malaxant des symboles, en les pointant du doigt de façon bien trop littérale. L’ écriture se perd entre groove, contemporain, hip-hop. La pièce se veut théâtre et danse mais ne fait qu’accumuler de façon de plus en plus artificielle des moments de chant ou de lecture peut convaincants car leur durée est à chaque fois trop longue, ou pas assez pour asseoir le propos qui se noie entre deux relâchements somptueux de hanches et des marches militaires parfaitement scandées.
Voir de superbes interprètes danser ne suffit pas à faire un bon spectacle.