Après Näss, le directeur du Centre chorégraphique national du Havre Fouad Boussouf nous emmène du côté du feu et des flammes.
Une lumière ocre au centre du plateau. Des silhouettes en fond de scène que l’on distingue difficilement, tandis que d’autres, dans l’ombre, traversent l’avant-scène.
À mesure que la lumière s’éclaircit se fait entendre le son d’un vent fort, qui entretient le déchaînement du feu. Corps et lumières se répondent alors pour figurer ce feu, tantôt crépitant, tantôt vacillant.
C’est à un ballet à trois personnages auquel nous assistons alors : lumières, musiques et danseuses évoluent de concert, donnant à voir la naissance des flammes, leur progressive extinction et leur reprise inattendue.
La composition musicale de François Caffenne joue un rôle essentiel dans cette évolution, passant de morceaux aux allures de percussion à d’autres plus électro. Le travail d’Aurélie Thomas, la scénographe du spectacle, et celui de Lucas Baccini, créateur lumière, font surgir avec subtilité ce monde clos qu’est l’âtre d’une cheminée. Les tonalités lumineuses changent sans en avoir l’air et l’espace dessiné par Aurélie Thomas est un lieu circulaire, séparé du public par un tulle à peine perceptible.
Mais le feu, ce sont aussi ces flammes qui tentent d’affirmer leur indépendance en crépitant en marge de l’ensemble. La chorégraphie de Fouad Boussouf rend compte de cette dialectique de l’un et du multiple en offrant aux danseuses un solo grâce auquel elles s’inscrivent dans le groupe autant qu’elles s’en détachent. De même que la musique de François Caffenne passait d’une esthétique à l’autre, l’écriture chorégraphique de Fouad Boussouf puise à différentes sources, permettant à chaque danseuse de s’affirmer conjointement comme individu et comme membre d’un tout.
Fêu retranscrit donc brillamment le caractère hypnotique de ces flammes que l’on observe dans l’âtre sans pouvoir en détourner notre regard.