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Le retour à la terre de « Vive le sujet ! Tentatives – Série 2 »

par Amélie Blaustein-Niddam
14.07.2024

Pour son second volet, Vive le sujet ! Tentatives (« Mais on peut dire « Sujet à vif » si on est old school ! ») propose  Méditation de Stéphanie Aflalo, et Baara de Tidiani N’Diaye, « dans le cadre » de ce programme entre le Festival d’Avignon et la SACD.

 Méditation, la performance mortellement drôle de Stéphanie Aflalo

 

Stéphanie Aflalo nous fait rire depuis dix ans maintenant. Ses récréations philosophiques sont des monuments d’humour décalé et référencé. On se souvient de ses délires sur « L’oignon » de Marina Abramović et, récemment, de sa leçon d’histoire de l’art. Méditation est un bon échantillon de ce qu’elle sait faire : nous fait rire du pire avec délice et causticité. Ils et elles se posent assis.e.s à table. Elle est recouverte d’une nappe rouge. Devant Stéphanie Aflalo, Jérôme Chaudière (compagnie l’Oiseau-Mouche) et Grégoire Schaller se trouve un crâne. L’allusion est claire, d’ailleurs Stéphanie l’annonce : « Ça aurait pu s’appeler « Hamlet variation ». »  

 

Le trio passe presque uniquement par la voix pour se dessiner. Elle et lui se racontent l’air de rien, chacun.e dans  les traits qu’on leur renvoie. Gregoire Schaller (prononcer Chaleur), dont on a pu voir la séquence liquide dans Ordeal by Water, un jugement médiéval décalé, excelle dans une forme de monstruosité. Jérôme Chaudière propose une danse du minimal, du bout du petit doigt, sensible et touchante au plus au point. Et Stéphanie déroule, selon son talent pur, d’une altération de la voix, une pensée en escalier qui s’enfonce vers une absurdité quasiment burlesque dans ses intonations.

 

Méditation est de fil en aiguille une réflexion sur la mort, ou plutôt sur l’instant où l’on meurt, le dernier souffle. Le trio multiplie les allégories de plus en plus folles pour nous rappeler l’inéluctable. (Tiens, c’est la troisième fois dans ce festival que ça arrive. Angélica Liddell, Mohamed El Khatib et maintenant Stéphanie Aflalo). « C’est comme la fin de la récré », « c’est le même bruit que lorsque l’on sort la tête de l’eau », c’est aussi (geste à l’appui), « la fin du tube de dentifrice, c’est aussi un trou payant », «C’est comme vouloir faire un tour de manège mais la caisse est fermée madame. » 

 

La liste est longue, acide et percutante, elle nous fait rire bien jaune sur la façon dont nous mettons à distance notre finitude. Cette courte performance est vraiment mortelle !

Baara, la tentative terreuse de Tidiani N’Diaye

 

Dans la seconde en revanche, Baara de Tidiani N’Diaye, Adonis Nébié Tauwindsida ne percute pas notre regard. Tout commence plutôt bien avec une triple figure, ici encore un homme en grande tunique aux allures de prêtre, une musicienne qui scie des bols en cuivre et un danseur incarné qui roule au sol par les pointes de ses articulations.

 

Mais, ensuite, dans son déroulé, la démonstration ne devient pas un spectacle. Le trio reste très en dehors de la représentation malgré de vraiment beaux moments de lâcher-prise où les corps tremblent et accélèrent. La rencontre entre les danseurs est fragile et la musicienne (Clara De Asís), reste très en dehors de cette proposition. Nous en gardons tout de même une belle image, celles de la terre jetée au sol et balayée sur quatre appuis, un peu comme dans la peinture de Gustave Caillebotte, Les Raboteurs de parquet. Le propos de Baara est justement de pointer les gestes des invisibilisés, mais dans sa réalisation, cela n’effleure pas.