Ce 21 mars, le festival Immersion Danse de l’Étoile du Nord proposait un plateau 100 % masculin dans un plateau partagé entre Maxime Cozic et Théophile Bensusan. Deux courts spectacles ayant la sensibilité comme fil conducteur.
Tout commence par un faux solo faussement statique. Sylvain Lepoivre, l’air patibulaire, bouge plus de la bouche que du corps. Bientôt un double apparaît en fond de scène comme une ombre de lui-même. Maxime Cozic arrive et avec lui, le contact se met en place. Le chorégraphe et danseur ouvre le bal avec une leçon de lâcher-prise. Il devient le pantin de chiffon de l’autre qui le jette, le froisse et le reprend. La rapidité des mouvements est dingue, et nous sommes éblouis par sa technique. Puis dans un jeu de soumission/domination plus érotique que jamais, le duo nous donne envie de chanter à tue-tête « I Wanna Be Your Dog», version Émilie Simon. Le rapport de force ne cesse de passer de l’un à l’autre dans une écoute parfaite.
Oxymore tient parfaitement la route pendant sa courte demi-heure. Du point de vue de l’écriture chorégraphique, la partition est à la fois break, hip-hop et contemporaine. Elle est surtout très fluide et évite les écueils d’une succession de tableaux qui casserait le rythme.
Le second spectacle, tout aussi court, nous fait basculer dans le pur hip-hop. Voilà est aussi une histoire de violence, le désir en moins. Ils sont quatre : William Delahaye, Andrea Bou Othmane, Salomon Mpondo-Dicka, Théophile Bensusan et apparaissent sur scène comme des fantômes, comme s’ils devaient se cacher. Plus la pièce avance, plus on comprend que la révolte et la colère pointent contre, notamment, les violences policières.
Si, dans son écriture, Voilà est encore fragile, manquant de lien entre ces scènes, il excelle dans la proposition de solos. Tous y passent, un par un et à chaque fois, la proposition est parfaite. À cet exercice, Andrea Bou Othmane survole dans des vrilles qui n’ont rien à envier à celles d’Anne Teresa de Keersmaeker.
Ces deux spectacles interrogent avec intelligence les nouvelles masculinités par le biais des colères légitimes. Une belle soirée donc qui donne envie de suivre de très près ces deux chorégraphes et leurs interprètes.
Le festival Immersion Danse se poursuit jusqu’au 28 mars avec notamment le génial For you/ Not for you de Solène Wachter à voir demain, samedi 23 mars à 19 heures.
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Visuel : © Moïse De Giovanni