La chorégraphe et danseuse chinoise, fidèle alliée du Festival d’Automne, est à Paris, au Théâtre de la Ville pour son nouveau spectacle, pendant positif à I am 60 (2021) : New Report on Giving Birth et recréation d’une précédente pièce : Giving Birth
Nous avions laissé Wen Hui en pleine pandémie, fêtant courageusement son anniversaire. La pièce était triste et belle, elle assumait, sans faux-semblants, les douleurs et les combats qui incombent particulièrement aux femmes. En ce sens, la reprise et la réécriture de Report on Giving Birth (1999), devenue en 2023 New Report on Giving Birth, apparait comme l’épisode suivant. Wen Hui n’est plus seule, elle est accompagnée sur scène de trois autres danseuses : Alessandra Corti, Patcharaporn Krüger-Distakul, Parvin Saljugi. Le sujet est dans le titre : donner naissance.
Le spectacle multiplie les allégories d’assignations féminines : ici, on discute en étendant le linge, on se raconte dans son intimité, sourire aux lèvres et corps légers. La danse est un parcours qui va de la tête au pied, qui lâche prise. Les danseuses sont profondes dans des dos qui se gonflent, des pas qui sont empêchés par la tête ou le pied d’une autre.
Le spectacle est généreux, très joli. Mais cela ne suffit pas, la relation au sujet est trop littérale, et la perception du corps des femmes y est trop propre, autant que le linge qui est étendu et plié sur cette scène.
Wen Hui crée Report on Giving Birth en 1999, en pleine l’ère de la politique stricte de l’enfant unique. En 2023, la Chine continue à intervenir sur les choix des femmes, les sommant à présent de faire plus d’enfants. La pièce, pensée comme un poème chorégraphique, rassemble des témoignages sur l’accouchement ou le non-accouchement.
Les récits très personnels ne sont pas paradoxalement incarnés. On entend en surface les angoisses d’une grossesse qui par mal, les épuisements liés à la ménopause.
La pièce s’étire bien trop dans des tableaux qui deviennent de plus en plus artificiels. Malgré des beaux moments de danse, où tous les membres se dissocient avec puissance, le spectacle ne décolle pas et n’arrive pas à nous faire entendre à quel point le corps des femmes est dans les mains de l’État dans lequel elles vivent.
Visuel : © Jörg Baumann